Une frappe de drone meurtrière survenue dans le district d’Enarj Enawga, dans la région éthiopienne d’Amhara, a coûté la vie à plus d’une centaine de civils, selon des témoignages concordants recueillis par APA. Le drame relance les inquiétudes sur l’usage de la force dans un contexte de tensions persistantes entre les forces fédérales et les milices locales.
Plus de 100 civils ont été tués lors d’une frappe de drone dans le district d’Enarj Enawga, situé dans la région d’Amhara au nord de l’Éthiopie, ont confirmé des habitants et des témoins oculaires interrogés par APA. L’attaque, survenue le jeudi 17 avril 2025, a ciblé des personnes qui construisaient des salles de classe et des clôtures pour l’école primaire de Gedeb.
Des résidents locaux ont affirmé que la frappe aurait visé des éléments présumés du groupe armé Fano, actif dans la région et opposé aux forces fédérales. « La cible annoncée était un rassemblement de militants de Fano. Mais ce sont des civils qui ont été tués », a confié un habitant, visiblement bouleversé.
Les témoins décrivent une scène d’horreur. « Tout était noir. Il n’y avait plus personne dans la zone. Certains pleuraient et roulaient dans les décombres. Ce qui s’est passé est horrible. C’était un acte extrêmement horrible pour tout être humain », a témoigné un survivant.
La Commission éthiopienne des droits de l’homme (EHRC) a indiqué suivre de près les événements liés à cette frappe meurtrière. Les autorités, elles, n’ont pas encore confirmé leur responsabilité dans cette attaque, ni donné de précisions sur la cible visée.
Selon plusieurs témoignages, les secouristes et les habitants ont commencé à enterrer les corps dans l’urgence, dans des conditions éprouvantes. « Environ 115 à 120 corps ont été enterrés. Je pense qu’il y en a peut-être d’autres dont on ignore l’origine, car nous étions sous le choc », a affirmé un témoin ayant participé aux opérations de secours.
Parmi les blessés – au moins 24 recensés – beaucoup n’ont pas survécu à leurs blessures après leur transfert au centre de santé de Gedeb. La majorité des victimes seraient des jeunes, selon les premiers éléments recueillis sur place.
Ce drame intervient alors que la région d’Amhara reste le théâtre de tensions récurrentes entre les forces fédérales et les groupes armés locaux, en particulier les miliciens Fano, issus d’un mouvement de défense communautaire devenu acteur majeur du conflit.
L’attaque de Gedeb pourrait ainsi raviver les critiques contre l’usage de drones dans les opérations militaires en milieu civil, déjà dénoncé par plusieurs organisations de défense des droits humains.
MG/abj/fss/ac/Sf/APA