Alors que le président sud-soudanais Salva Kiir affirme le retour au calme dans le pays, la détention prolongée de son rival Riek Machar suscite de vives inquiétudes tant à l’intérieur qu’au sein de la communauté internationale. Le spectre d’une nouvelle crise politique plane sur le plus jeune État du monde.
La semaine dernière, le président Salva Kiir, cherchant à apaiser les craintes persistantes en matière de sécurité dans le plus jeune pays du monde, a assuré à ses compatriotes que le calme était revenu dans tout le pays.
La vie continue normalement malgré un changement à la tête de la politique sud-soudanaise, dont Kiir semble être ressorti renforcé, soutenu par la quasi-totalité des secteurs du gouvernement, dont les membres lui ont réaffirmé leur loyauté.
Même la base de l’opposant Riek Machar semble s’effriter, certains de ses partisans déclarant désormais ouvertement allégeance au président Kiir, qui a résisté à plusieurs tentatives de ses adversaires pour le renverser.
Alors qu’avril touche à sa fin, tout laisse penser que Salva Kiir demeure la figure dominante de la scène politique sud-soudanaise.
Mais s’agit-il d’un calme durable ou d’un répit temporaire avant de nouvelles secousses ?
Derrière cette apparente accalmie, une inquiétude demeure. La détention de Riek Machar, ancien vice-président évincé d’un gouvernement de partage du pouvoir issu de l’accord de paix de 2018, continue de nourrir les tensions. Son emprisonnement pourrait, selon plusieurs analystes, faire replonger le pays dans un cycle de violences.
Depuis l’éclatement du conflit en décembre 2013, où Machar avait été accusé de tentative de coup d’État contre Kiir, le Soudan du Sud peine à instaurer une stabilité durable, oscillant entre paix fragile et reprises de violences. L’accord de 2018 n’a pas encore produit les effets escomptés, d’autant que de récents développements semblent fragiliser sa mise en œuvre.
Des purges à caractère politique visent désormais les proches de Machar. Plusieurs ont été arrêtés ou démis de leurs fonctions, tandis que son parti, le Mouvement populaire de libération du Soudan dans l’opposition (MPLS-IO), dénonce des persécutions croissantes.
Assigné à résidence avec son épouse et ses gardes du corps, Machar est coupé du monde extérieur. Les efforts diplomatiques pour le rencontrer se sont heurtés à un refus catégorique du gouvernement. L’Union européenne, par l’intermédiaire de sa représentante spéciale Annette Weber, s’est vue refuser l’accès à l’opposant. Ce fut également le cas pour Raila Odinga, envoyé spécial du président kényan, ainsi que pour les membres du « Groupe des Sages » mandaté par l’Union africaine.
Ces incidents soulignent la crispation du pouvoir à Juba. Le gouvernement considère toujours Machar comme un fugitif dangereux, passible de poursuites pour trahison.
Les partenaires internationaux du Soudan du Sud, notamment les États-Unis, ont exprimé leur inquiétude face au traitement infligé à Machar et aux répercussions possibles sur la stabilité nationale.
Alors que l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) multiplie les démarches diplomatiques, avec l’appui de l’Union africaine et de l’Union européenne, le sort de Machar reste au cœur des tensions. Et l’accord de paix de 2018 pourrait bien ne plus tenir qu’à un fil.
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