Avec un cheptel de plus de 129 millions de têtes, le Tchad possède l’un des plus importants élevages d’Afrique. Le pays veut devenir un hub régional pour la viande transformée, grâce à un ambitieux partenariat public-privé visant à industrialiser la filière.
Faire du Tchad un acteur clé du commerce de viande transformée en Afrique. Telle est l’ambition du partenariat avec le développeur industriel ARISE IIP dédié à la transformation de la viande.
Premier exportateur de bétail d’Afrique centrale, le Tchad approvisionne traditionnellement des marchés comme le Nigéria, le Cameroun et le Congo. Mais alors que la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) importe chaque année pour 350 millions de dollars de viande transformée, les exportations tchadiennes de bétail vivant ne génèrent que 50 millions de dollars.
« Nous perdons des opportunités économiques majeures en exportant des animaux sur pied plutôt que des produits finis », explique un responsable du ministère de l’Élevage, cité dans une note parvenue ce lundi à APA.
Pour inverser cette tendance, le Tchad s’est associé à ARISE IIP, un développeur industriel panafricain, afin de créer Laham Tchad, une joint-venture dédiée à la transformation de la viande. Dénommé « Complexe industriel des abattoirs du Logone » à Moundou, cette infrastructure est capable de traiter 200 bovins et 400 petits ruminants par jour. Doté d’une chaîne du froid et de normes sanitaires strictes, ce site emploie déjà 280 personnes.
Six autres zones économiques spéciales (ZES) sont en développement à travers le pays, avec un objectif de générer 2 milliards de dollars de revenus et créer 35 000 emplois d’ici 2035.
Une viande « made in Tchad » pour l’Afrique
Sous la marque « Viand’Or », Laham Tchad mise sur une viande de qualité supérieure, issue d’un élevage extensif et respectueux de l’environnement. Un produit qui se veut compétitif face aux importations brésiliennes ou indiennes.
Les débouchés ne manquent pas. Le Nigéria, premier acheteur de bétail tchadien, pourrait devenir un marché clé pour la viande transformée. L’Égypte, confrontée à des pénuries depuis la guerre au Soudan, importe déjà de la viande tchadienne par avion. Les pays du Golfe s’intéressent également à la viande de chameau, tandis que le Gabon et le Congo reçoivent des livraisons par camions frigorifiques.
Cette industrialisation ne se limite pas à la production de viande. Elle stimule toute une chaîne de valeur allant de l’alimentation animale (cultures fourragères locales) à la logistique, notamment pour maîtriser la chaîne du froid, sans oublier les sous-produits (cuir, engrais, etc.).
« Nous passons d’une économie d’exportation de matières premières à une économie de transformation, créatrice d’emplois et de valeur ajoutée », se félicite un responsable de Laham Tchad, cité aussi par le document.
En s’appuyant sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le Tchad espère devenir un hub régional pour la viande transformée. Une stratégie qui pourrait inspirer d’autres pays africains confrontés au même défi : sortir du piège des exportations brutes à faible valeur ajoutée.
« L’élevage n’est plus une activité traditionnelle, mais un levier de développement industriel », conclut un expert d’ARISE IIP.
ARD/ac/Sf/APA