Des experts du monde entier se sont réunis ce vendredi à Fès, au Maroc, à l’occasion du Forum du Festival des musiques sacrées du monde, pour débattre du rôle du patrimoine, des technologies émergentes et du renouveau spirituel à l’heure des mutations globales.
Organisé en marge de la 28ᵉ édition du Festival de Fès, le Forum des musiques sacrées du monde s’est articulé autour du thème des « Renaissances », offrant un espace de réflexion à des universitaires, décideurs et acteurs culturels venus d’Afrique, d’Europe et d’ailleurs. Pour les organisateurs, ce rendez-vous constitue le volet intellectuel du festival musical, prolongé cette année par une exploration des enjeux culturels, scientifiques et technologiques contemporains.
Dans son discours d’ouverture, Driss Khrouz, directeur du Forum, a souligné la portée du thème retenu, le qualifiant d’« invitation à franchir les portes du savoir, de l’imagination et de la découverte ». Il a insisté sur la nécessité d’ancrer ces renaissances dans les dynamiques sociales, culturelles et patrimoniales, en particulier depuis le Maroc.
La première session, consacrée aux « expressions des renaissances », a permis de revisiter le rôle de Fès comme centre spirituel et intellectuel. Le professeur Jillali El Adnani, de l’Université Mohammed V de Rabat, a mis en lumière la portée historique et actuelle des confréries soufies marocaines, telles que la Zaouia Tijaniya, dont l’influence s’étend bien au-delà des frontières du Royaume.
Pour sa part, Youssef Bokbot, de l’Institut national des sciences archéologiques et du patrimoine (INSAP), a rappelé l’importance des récentes découvertes préhistoriques au Maroc, notamment celles de Jebel Irhoud, qui placent le pays au cœur des recherches sur les origines de l’humanité. « Ces vestiges sont les clés d’une relecture de notre identité collective », a-t-il déclaré.
La deuxième session du forum a orienté le débat vers les potentialités de l’intelligence artificielle dans la valorisation et la sauvegarde du patrimoine. Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée chargée de la Transition numérique, a plaidé pour une utilisation éthique et inclusive des technologies de l’IA afin de démocratiser l’accès à la culture. Le chercheur Mohammed Benlahsen a toutefois mis en garde contre les dérives possibles, appelant à une réflexion sur les impacts sociétaux de ces innovations.
Alors que les concerts du festival se poursuivent dans les sites historiques de la ville, le Forum de Fès s’impose comme une agora où se croisent pensée, art et dialogue des civilisations. Cette édition 2025, qui célèbre l’Afrique et l’Italie, confirme la vocation de Fès à conjuguer héritage et avenir, dans un esprit de partage et d’ouverture.
MK/ac/Sf/APA