Alors que l’Éthiopie tente de panser ses plaies après des années de conflits internes, le dialogue national voulu comme un tournant vers la réconciliation se heurte à un obstacle de taille : l’absence des groupes armés. La Commission éthiopienne de dialogue national (ENDC) a tiré la sonnette d’alarme ce week-end, appelant une nouvelle fois à une participation inclusive pour garantir la viabilité du processus.
Aucun groupe armé n’a manifesté d’intérêt pour le dialogue national en cours, a regretté la Commission éthiopienne de dialogue national (ENDC) ce week-end, alors que se tenait à Addis-Abeba une session de trois jours consacrée à la collecte de l’ordre du jour avec les parties prenantes fédérales. Ce 14ᵉ cycle du processus national a été marqué par l’inquiétude croissante face à l’absence de participation des groupes armés, en particulier dans les régions les plus touchées par les conflits.
Le commissaire en chef, le professeur Mesfin Araya, a souligné l’importance d’une participation large et inclusive pour garantir une paix durable dans un pays profondément divisé. Il a exprimé sa préoccupation face à la tiédeur des milices armées, toujours actives sur le territoire, qui boudent le processus.
« Il est troublant que nos frères et sœurs armés qui ont fui la jungle ne participent pas à ce processus historique », a-t-il déclaré, ajoutant que cela préoccupait non seulement la commission, mais aussi l’ensemble des acteurs impliqués dans le dialogue.
Malgré les avancées enregistrées, le scepticisme demeure quant à la représentativité et à l’inclusivité du processus. Des voix critiques pointent l’exclusion – volontaire ou non – de groupes armés et politiques influents, notamment dans les régions Amhara et Oromia, toujours en proie à l’instabilité. Certains refusent de s’impliquer, dénonçant un manque de confiance dans l’impartialité de la commission.
Dans une déclaration antérieure, Mesfin Araya avait assuré que certains groupes armés de la région Amhara avaient soumis leur programme à la commission, avant de revenir sur leurs propos et de nier toute soumission officielle. Ce revirement n’a fait qu’alimenter les doutes sur la transparence du processus.
La commission a reconnu que si de nombreux partis politiques ont pris part au dialogue, d’autres continuent de s’en écarter. Elle a toutefois réitéré ses appels à toutes les entités encore en marge – factions armées comme formations politiques – pour qu’elles rejoignent le processus, présenté comme un tournant décisif pour l’avenir du pays.
L’ENDC a pour mandat de poser les fondations d’un consensus national à travers l’identification des causes profondes des divisions éthiopiennes, la conduite d’un dialogue inclusif, l’élaboration de recommandations aux autorités compétentes, et la mise en place d’un mécanisme de suivi de leur mise en œuvre.
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