Malgré l’entrée en vigueur d’une nouvelle réglementation sur les chèques depuis février 2025, l’espèce reste le mode de paiement le plus utilisé en Tunisie.
La réforme du chèque en Tunisie, bien qu’initiée dans une logique de modernisation des moyens de paiement, met en évidence une fracture numérique et culturelle persistante, l’usage du cash restant dominant.
Selon une enquête publiée par l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (IACE), 47 % des Tunisiens interrogés privilégient le paiement en espèces.
Menée auprès de 1 100 usagers réguliers, majoritairement âgés de 30 à 50 ans, l’étude constate que le virement bancaire et la lettre de change arrivent en deuxième position, à égalité (16 % chacun).
Le nouveau chèque n’est utilisé que dans 7 % des cas, ce qui, pour l’IACE, souligne un besoin d’accompagnement pédagogique, de simplification et d’incitations pour encourager son adoption.
La domiciliation bancaire reste marginale, avec seulement 0,4 % des répondants y ayant recours.
Le faible niveau d’automatisation des paiements suggère une culture encore largement dominée par la logique de paiement immédiat et en espèces.
L’étude relève par ailleurs un impact direct de la réforme sur la consommation.
Près de 29 % des personnes interrogées déclarent avoir renoncé ou reporté un achat important depuis l’application de la nouvelle loi.
Les classes moyennes, en particulier celles percevant entre 1 000 et 3 000 dinars tunisiens (environ 3.275 à 9.825 euros), apparaissent comme les plus affectées, dont 88 % d’entre elles disent avoir renoncé à une dépense planifiée.
Pour les achats élevés (électroménager, ameublement, santé, voyages), l’espèce reste dominante, même pour des montants importants. Ainsi plus de 50 % des transactions déclarées ont été effectuées en cash.
À l’inverse, seuls 21 % des répondants ont déclaré avoir réalisé un achat majeur en un mois.
SL/te/Sf/APA