La restitution d’une parcelle à Kinshasa, spoliée depuis plus de deux décennies par un proche de l’ancien président Joseph Kabila, intervient dans un contexte marqué par la suspension du PPRD et des poursuites pour haute trahison visant l’ex-chef de l’État. Cette série d’actions judiciaires relance le bras de fer entre le pouvoir actuel et le clan Kabila, accusé de collusion avec des groupes armés dans l’est du pays.
Les autorités congolaises ont annoncé mercredi soir la restitution à une citoyenne de sa propriété confisquée depuis 23 ans, dans un dossier impliquant la sœur de l’ancien président Joseph Kabila et le siège du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), récemment suspendu.
Dans un communiqué rendu public le 23 avril 2025, le ministère de la Justice a indiqué que la parcelle litigieuse, située sur l’avenue Pumbu n°22-24, dans le quartier des Cliniques, commune de la Gombe à Kinshasa, a été remise à sa propriétaire légitime, Madame Serana. Le bien avait été occupé depuis plus de deux décennies par Madame Gloria Mteyu, sœur de Joseph Kabila, qui y avait établi le siège du PPRD.
« Cette décision réaffirme la volonté du gouvernement de lutter contre l’impunité, de garantir le respect du droit de propriété tel que prévu par l’article 34 de la Constitution et d’assurer la stricte application des décisions de justice », souligne le document signé par le cabinet du ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux.
Cette mesure s’inscrit dans une série d’actions judiciaires engagées par les autorités congolaises contre l’ancien chef de l’État et son entourage. Le 19 avril, le ministère de l’Intérieur avait ordonné la suspension du PPRD sur l’ensemble du territoire national, évoquant « l’attitude ambiguë » de Joseph Kabila face à la présence de forces étrangères dans l’Est, et sa décision de regagner le pays via Goma, une ville que Kinshasa considère comme « sous occupation rwandaise ».
Le retour de l’ex-président à Goma, le 18 avril, après une longue période de retrait, a été interprété par le gouvernement comme un geste à forte portée politique dans une région en proie à de vives tensions sécuritaires.
Des poursuites judiciaires ont depuis été ouvertes contre Joseph Kabila pour « participation directe à l’agression menée par le Rwanda à travers le mouvement armé AFC/M23 ».
Le ministère de la Justice a annoncé la saisie de ses biens, ainsi que des restrictions de mouvement visant plusieurs de ses proches, évoquant des faits de « haute trahison ».
De son côté, le PPRD a nié tout séjour récent de son leader à Goma et dénoncé une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
Ancien président de la République démocratique du Congo de 2001 à 2019, Joseph Kabila n’a, jusqu’à présent, pas réagi publiquement aux mesures prises à son encontre.
AC/Sf/APA