Dans un contexte de flambée de la consommation de drogues en Afrique, la Commission de l’Union africaine a salué, le 30 juin à Abuja, le rôle stratégique de la NDLEA nigériane dans la future stratégie continentale de lutte contre les stupéfiants et la criminalité.
L’Afrique fait face à une explosion de la consommation de drogues et à une transformation rapide des marchés illicites. Moment choisi par la Commission de l’Union africaine (UA) pour mettre en avant, lundi 30 juin, le rôle stratégique de l’Agence nationale nigériane de lutte contre la drogue (NDLEA) dans l’élaboration du futur plan d’action continental sur le contrôle des drogues et la prévention du crime.
La reconnaissance a été exprimée lors d’une visite d’évaluation au siège de la NDLEA à Abuja par une délégation de l’UA, venue recueillir les leçons tirées de la mise en œuvre du Plan 2019–2025 et intégrer les réalités de terrain dans le nouveau programme 2026–2030.
« La NDLEA est en première ligne de l’application de la loi sur le continent. Le prochain plan ne saurait être complet sans sa contribution », a déclaré Dr Olubusayo Akinola, cheffe de mission.
Cette mission intervient alors que l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a révélé, dans son Rapport mondial sur les drogues 2025 publié le 26 juin, une progression alarmante de la consommation de substances en Afrique, bien au-delà des moyennes mondiales. La région ouest-africaine, en particulier, enregistre des taux de consommation de cannabis atteignant 10 %, plus du double de la moyenne mondiale. L’Afrique a aussi représenté en 2023 près de 44 % des saisies mondiales de cannabis, devant les Amériques, l’Asie et l’Europe.
Le général Mohamed Buba Marwa (Rtd), président de la NDLEA, a alerté sur cette tendance. « Tandis que la consommation mondiale de drogues augmente de 10 à 11 %, l’Afrique pourrait connaître une hausse de 40 %. Cette disparité signale une crise imminente nécessitant une réponse rapide et coordonnée », a-t-il déclaré, saluant la démarche de l’UA, qui privilégie une approche « fondée sur les preuves et les réalités du terrain ».
L’Afrique de l’Ouest, en particulier, s’impose comme une zone de transit majeure pour l’héroïne et la cocaïne, tout en faisant face à une épidémie régionale de tramadol, un opioïde pharmaceutique dont les saisies sont massives sur le continent. De plus, des substances ultra-puissantes comme les nitazènes, intégrées au « kush », circulent désormais en Afrique de l’Ouest et du Centre, selon l’ONUDC.
La délégation de l’UA a salué les efforts de la NDLEA dans la collecte de données stratégiques, le développement des capacités en science médico-légale, les unités cynophiles et la coopération régionale. Elle a promis un appui accru pour combler les lacunes opérationnelles identifiées.
Alors que les jeunes, les femmes et les populations précaires sont de plus en plus touchés, le continent peine aussi à garantir un accès équitable aux soins : en Afrique de l’Ouest et du Centre, on ne compte que sept doses standards de traitement antidouleur par million d’habitants et par jour, un des niveaux les plus bas au monde.
Face à ce paysage en mutation, l’Union africaine, en partenariat avec des institutions nationales comme la NDLEA, entend poser les bases d’un cadre plus robuste, pragmatique et adapté aux réalités africaines.
AC/Sf/APA