Le 16e rapport Mali-Mètre, publié en mai 2025 par la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung (FES), montre que 68,7 % des Maliens jugent la situation générale du pays en amélioration, malgré des disparités régionales marquées.
Plus des deux tiers des citoyens maliens (68,7 %) estiment que la situation générale de leur pays s’est améliorée au cours des douze derniers mois. Ce constat ressort du 16e rapport Mali-Mètre, publié en ce mois de mai 2025 par la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung (FES), qui constitue l’un des instruments les plus robustes d’analyse de l’opinion publique au Mali depuis 2012. Menée sur un échantillon représentatif de 2 220 personnes réparties dans le District de Bamako et dix capitales régionales, cette enquête offre une radiographie factuelle, chiffrée et actualisée des perceptions sociales, politiques et économiques des Malien(ne)s.
Selon le rapport consulté par APA, les principales raisons évoquées par les répondants pour expliquer cette amélioration sont la sécurité (48,5 %), le renforcement des forces de sécurité (12,6 %) et la gouvernance (15,2 %). Dans certaines régions, notamment Kidal, Tombouctou et Kayes, l’amélioration de la gouvernance arrive en tête (jusqu’à 42,9 % à Tombouctou). À Kidal, le retour de l’administration (20,4 %) et de l’armée (32,7 %) symbolise cette dynamique.
Les disparités régionales sont toutefois marquées. Si 88,5 % des personnes interrogées à Tombouctou considèrent la situation meilleure qu’un an auparavant, cette proportion chute à 44 % à Gao, où 27 % estiment que la situation s’est détériorée. À Bamako, le taux de satisfaction est relativement bas (53,8 %), et les préoccupations majeures concernent la cherté de la vie (34,8 %) et les délestages électriques (26,1 %).
12,6 % des citoyens estiment que la situation s’est dégradée. Les causes les plus citées sont l’augmentation du prix des denrées alimentaires (21,9 %), la cherté de la vie (19,7 %) et la recrudescence de l’insécurité (15,7 %). À Mopti, 46,2 % évoquent d’abord l’insécurité, tandis qu’à Kidal, ce chiffre atteint 70,4 %.
Le soutien à la transition est massif : 90,7 % des personnes interrogées se déclarent satisfaites de la gestion actuelle, et 82,2 % approuvent la composition du nouveau gouvernement mis en place en novembre 2024. Le Président de la Transition recueille à lui seul 72,1 % de confiance. Cependant, la connaissance des réformes majeures reste faible (73,6 % de non-connaissance), et les partis politiques peinent à convaincre : 75,2 % des Malien(ne)s s’en disent insatisfaits.
Les priorités exprimées par les citoyens sont nettes : lutte contre l’insécurité alimentaire (56,3 %), contre le chômage des jeunes (47,6 %), contre l’insécurité générale (38,4 %) et les coupures d’électricité (34 %). Les actions les plus attendues de l’État sont la création d’emplois (44,1 %), le soutien à l’agriculture (43,7 %) et la lutte contre le terrorisme (25,7 %).
La coopération russo-malienne est plébiscitée dans la mesure où 78,8 % des sondés font confiance à la Russie pour aider le Mali à retrouver son intégrité territoriale. Concernant l’Alliance des États du Sahel (AES), 92 % des Malien(ne)s se disent satisfaits de sa création. À l’inverse, 38,1 % pensent que le Mali ne devrait plus entretenir de relations avec la Cédéao.
Alors que 87,5 % des citoyens croient à une amélioration de la situation nationale dans les six mois à venir, 60 % considèrent improbable la tenue des élections prévues pour 2025. Pourtant, 83,6 % déclarent vouloir voter, et 72,9 % affirment posséder une carte NINA ou biométrique.
La confiance en la justice malienne atteint 75,1 %, en hausse de 27 points depuis 2021. Toutefois, près de 73 % des personnes interrogées considèrent la justice corrompue ou coûteuse, et 89,7 % estiment qu’elle reste inaccessible dans ses procédures.
MD/ac/Sf/APA