Les inondations et les conflits en cours entravent les efforts de traitement du choléra, exposant des milliers d’enfants à un danger imminent au Nigéria et au Soudan, alerte l’ONG Save the Children.
Alors que le Soudan et le Nigéria font face à des crises sanitaires d’une ampleur préoccupante, les taux de mortalité liés au choléra continuent de grimper en flèche. Selon l’organisation humanitaire Save the Children, ces taux de létalité, exacerbés par des inondations massives et des conflits, mettent en péril la vie de milliers d’enfants, soulignant l’urgence d’une intervention internationale pour contenir cette épidémie mortelle.
Au Soudan, les autorités sanitaires font état d’un taux de létalité de 3,1 décès pour 100 cas confirmés, soit trois fois la norme mondiale, fixée à 1 %. Entre le 22 juillet et le 29 septembre, plus de 17 600 cas de choléra et 546 décès ont été recensés dans dix États du pays.
Ces chiffres alarmants sont le reflet de la dévastation infligée par près de 18 mois de violences, d’inondations répétées et de contamination de l’eau, laissant le système de santé soudanais à genoux. Selon les autorités, au moins 80 % des hôpitaux sont désormais hors service, ce qui prive la population des soins les plus basiques.
La situation est tout aussi grave au Nigéria, où le taux de létalité a atteint 2,9 %, avec 450 cas confirmés et 32 décès enregistrés au 1er octobre. Dans ce pays, les inondations, qui ont touché 29 des 36 États, ont forcé des millions de personnes à se déplacer, créant un terrain fertile pour la propagation du choléra.
Les enfants, souvent les plus vulnérables dans ces crises, représentent 37 % des cas confirmés. Les prévisions météorologiques annoncent la poursuite des pluies, ce qui pourrait aggraver la situation dans le nord du Nigéria.
« Le manque de médicaments essentiels, combiné à la faim et à la malnutrition, expose des millions d’enfants à des risques de maladies et de décès. Nos équipes de santé à travers le pays nous disent que la plupart des décès d’enfants dus au choléra sont dus à d’autres complications liées à un système immunitaire affaibli par la malnutrition », a soulevé Mohamed Abdiladif, directeur par intérim de Save the Children au Soudan.
De son côté, Duncan Harvey, directeur national de Save the Children au Nigéria, souligne la nécessité d’agir rapidement. « Les épidémies de choléra peuvent être évitées grâce à des infrastructures et à des pratiques d’hygiène adéquates. Mais les inondations au Nigéria rendent la vie encore plus difficile pour les plus vulnérables, en particulier les enfants du nord-est du pays », a-t-il indiqué.
Les causes d’une crise complexe
Les inondations dévastatrices en Afrique de l’Ouest et de l’Est, exacerbées par le changement climatique, ont touché plus de 6,4 millions de personnes en 2024, contaminant les sources d’eau et rendant l’accès à l’eau potable difficile.
Au Soudan, l’effondrement du système de santé, combiné à l’ampleur des inondations, a permis au choléra de se propager rapidement. Les conflits prolongés ont non seulement détruit des infrastructures essentielles mais ils ont également freiné les efforts de secours humanitaires.
Save the Children, présente sur le terrain au Soudan et au Nigéria, dit travailler sans relâche pour endiguer la propagation de la maladie. Au Soudan, l’organisation surveille la qualité de l’eau, fournit des traitements dans les centres spécialisés et distribue une aide financière aux familles les plus vulnérables.
Au Nigéria, des kits contre le choléra sont distribués dans les États les plus touchés, tandis que des campagnes de sensibilisation et des interventions en matière d’hygiène sont menées pour prévenir une propagation encore plus large de la maladie.
ARD/te/Sf/APA