La 1ère édition du Forum international des métiers et des compétences (FIMEC 2025), initié par le gouvernement ivoirien, s’est ouverte ce lundi 10 février 2025, autour du thème « Réinventer la formation professionnelle pour un capital humain, moteur de croissance inclusive et durable. »
Procédant à l’ouverture du Forum international des métiers et des compétences (FIMEC), à Abidjan, le Premier ministre, ministre des Sports et du Cadre de vie, Robert Mambé, s’est félicité de cette plateforme qui vise à renforcer le capital humain en Côte d’Ivoire, à l’ouverture de ce forum, organisé par l’Agence nationale de la formation professionnelle (AGEFOP), les 10 et 11 février 2025.
S’adressant aux étudiants, venus en grand nombre, Robert Mambé, a souligné la volonté de l’Etat de Côte d’Ivoire de « renforcer le dispositif » de formation technique et professionnelle au profit des apprenants.
Pour Robert Mambé, « l’enseignement technique est une chance pour les pays africains ». Car, « l’enseignement technique est le terreau où germe l’avenir de nos Nations ». Par conséquent, il faut prendre cette ressource avec « beaucoup de sérieux ».
Il a fait observer qu’ « à peine 6% » des apprenants, dans le secondaire, sont dans l’enseignement technique et la formation professionnelle. Une tendance que le gouvernement ivoirien veut « inverser » afin de produire des techniciens et ingénieurs, en masse, pour la transformation du tissu industriel et économique.
Changer de paradigme
Le ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage, N’Guessan Koffi, a soutenu que pour produire davantage de scientifiques, il faut « opérer un changement radical dans l’orientation des élèves, notamment après la classe de troisième », lors d’une conférence inaugurale.
Pour lui, « l’enseignement technique et la formation professionnelle doivent jouer le rôle de régulateur des flux » dans un monde où, « les innovations technologiques entraînent des mutations profondes des métiers et du marché du travail. »
La formation professionnelle, en Côte d’Ivoire, dispose de 36 Brevets de technicien (BT) industriels ; neuf BT tertiaires ; quatre BT agricoles et de nombreux CAP.
Malgré ce dispositif, « le sous-secteur de l’Enseignement technique et la formation professionnelle (ETFP) accueille 5% des effectifs du secondaire », explique N’Guessan Koffi.
Il a relevé qu’ « en 2023, l’effectif des candidats inscrits aux Bacs A1, A2, C et D était de 307 754 alors que celui des Bacs industriels était de 3 230, soit 1% », mentionnant que « l’objectif du gouvernement est de réussir à infléchir cette tendance ».
Le forum vise, en outre, à développer des compétences adaptées aux besoins du marché du travail, renforcer l’employabilité des jeunes apprenants et favoriser leur insertion professionnelle, a-t-il dit, insistant sur la digitalisation des outils d’apprentissage afin d’accroître l’accès à la formation professionnelle via l’apprentissage à distance.
Explorer des mécanismes innovants
Mme Karitia Coulibaly-De Medeiros, directrice générale de l’Agence nationale de la formation professionnelle (AGEFOP, public), a déclaré que ce forum vise à réinventer la formation professionnelle pour un capital humain compétent, moteur d’une croissance inclusive et durable.
Ces assises vont permettre d’élaborer des référentiels de formation et des curricula, à partir des besoins des entreprises, et de professionnaliser des métiers dans des secteurs d’activités, en collaboration avec le Patronat, dans une économie dominée par l’informel.
Le FIMEC qui attend 2 000 visiteurs, a pour objectif de faire de la formation professionnelle, un levier stratégique de développement socio-économique. Mme Karitia De Medeiros a plaidé pour qu’il soit instauré « un marker de développement des compétences quel que soit le secteur d’activité ».
Une part importante de la population, en Côte d’Ivoire, est en quête d’insertion durable. L’enquête nationale de l’emploi de 2019 montre que 2,3 millions de jeunes âgés de 16 à 35 ans ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en éducation (NEETs).
Les jeunes diplômés sans emploi, les jeunes déscolarisés et les personnes en situation d’emploi précaire constituent un stock de personnes en quête d’insertion durable compris entre 4 et 6 millions, à travers le pays, mentionne l’enquête.
Dans ce contexte, il a été créé le programme de l’Académie des talents axé sur la restructuration de la formation initiale pour répondre aux besoins sectoriels et l’École de la « Deuxième Chance », un programme de reconversion et de requalification pour accroître l’employabilité.
La présidente du Sénat, Kandia Camara, invitée d’honneur, a appelé à « repenser les approches » de formation dans un monde dominé par le digital. La révolution technologique modifie les profils de compétences recherchés, créant ainsi un décalage entre les besoins du secteur productif et les qualifications disponibles sur le marché de l’emploi.
AP/Sf/APA