Plusieurs représentants du secteur privé se sont réunis, mercredi, à Riyad (Arabie saoudite), pour discuter de leur rôle dans la gestion durable des terres, des sols et de l’eau. Les entreprises sont invitées à intégrer les pratiques durables.
La dégradation des sols et l’aridité représentent des risques importants pour les entreprises et les investisseurs. Leur atténuation devient ainsi un impératif stratégique pour soutenir les efforts mondiaux visant à préserver des terres saines et renforcer la résilience face à la sécheresse.
Conscient de cela, la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) a réuni, ce mercredi à Ryad (Arabie saoudite), des centaines de représentants du secteur privé issus des secteurs de la finance, de la mode, de l’agroalimentaire et de la pharmacie pour discuter de leur rôle dans la gestion durable des terres, des sols et de l’eau.
Les échanges ont permis de souligner la nécessité d’aligner les entreprises, les politiques et les financements pour protéger les terres en tant qu’actifs essentiels. « Adopter des opérations, des chaînes d’approvisionnement et des investissements favorables à la nature ne relève pas seulement de la durabilité environnementale, mais garantit également la rentabilité et la résilience à long terme des entreprises », a déclaré Ibrahim Thiaw, Secrétaire exécutif de la CNULCD.
Ce forum s’inscrit dans le cadre de l’initiative Business 4 Land (B4L), lancée plus tôt cette année par la CNULCD à Davos, en partenariat avec la plateforme InTent, spécialisée dans la mobilisation rapide d’un groupe influent et diversifié de décideurs pour favoriser le changement.
L’appel à l’action de B4L exhorte les entreprises à contribuer à un ou plusieurs des piliers de l’initiative Business 4 Land (B4L) : promouvoir des pratiques durables dans leurs opérations commerciales ; soutenir des solutions de financement ; et plaider pour de meilleures politiques de gestion des terres et de l’eau.
« Le secteur privé […] doit voir la nature non pas comme une ressource à exploiter, mais comme notre système de survie. Le Forum B4L a été l’occasion de forger de nouvelles coalitions pour restaurer les terres et renforcer la résilience. En passant de l’extraction à la collaboration, nous pouvons stimuler les investissements dans des solutions basées sur la nature qui garantissent la prospérité humaine et la santé de la planète », a indiqué André Hoffmann, membre du comité consultatif de haut niveau de la COP16 et fondateur d’InTent.
De son côté, Gim Huay Neo, directrice générale de 1T.org, Forum économique mondial a fait savoir qu’« en collaborant avec les gouvernements et d’autres parties prenantes, les entreprises peuvent accélérer les progrès en matière de restauration des terres pour un avenir plus résilient pour tous. »
Selon Philippe Zaouati, directeur général du fonds d’investissement durable MIROVA, les entreprises ont beaucoup à gagner en transformant leurs chaînes de valeur pour intégrer des pratiques durables, non seulement pour réduire leur impact sur la nature, mais aussi pour saisir les opportunités économiques qui en découlent.
« Mobiliser des financements pour la restauration des terres nécessite un effort concerté des secteurs public et privé. En travaillant ensemble, nous pouvons créer un environnement favorable à la restauration, essentiel pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et garantir un avenir durable », a-t-il soutenu.
Un guide pour intégrer les enjeux liés aux terres dans les stratégies du secteur privé
L’initiative Business 4 Land (B4L) a récemment lancé un guide pratique visant à aider les entreprises à mieux comprendre les divulgations et la fixation d’objectifs liés aux terres. Ce document ambitionne d’aligner les stratégies du secteur privé sur les politiques nationales et les objectifs mondiaux, facilitant ainsi une transition équitable et durable dans la gestion des terres.
« Les divulgations des entreprises sont essentielles pour promouvoir des pratiques respectueuses des terres. Cependant, de nombreuses entreprises ont une compréhension limitée de leurs impacts et dépendances vis-à-vis des terres, ce qui les expose à des risques majeurs », a déclaré Razan Al Mubarak, coprésidente du Groupe de travail sur les divulgations financières liées à la nature (TNFD) et présidente.
Le rapport, intitulé « Guide pour les divulgations d’entreprises et la fixation d’objectifs liés aux terres », a été élaboré en partenariat avec le TNFD et le Science Based Targets Network (SBTN). Il bénéficie également des contributions d’organisations influentes telles que le Forum économique mondial et la Présidence de la COP16.
Il fournit aux entreprises des outils pratiques pour intégrer les objectifs de durabilité dans leurs modèles d’affaires, en mettant l’accent sur la compréhension des coûts, des bénéfices et des risques liés à la gestion des terres.
Des coûts initiaux, des bénéfices à long terme
La dégradation des terres et les sécheresses entraînent des coûts économiques élevés. Par exemple, les agriculteurs américains investissent en moyenne 40 dollars par acre pour adopter des pratiques d’agriculture régénérative, mais ces efforts peuvent conduire à une augmentation des bénéfices de 120 % sur le long terme.
Le guide de B4L montre comment les entreprises peuvent tirer parti de ces opportunités économiques tout en favorisant des pratiques durables.
Dans un contexte où les risques environnementaux augmentent, les entreprises ont une responsabilité majeure dans la lutte contre la dégradation des terres, la rareté de l’eau et la perte de biodiversité.
« Les entreprises peuvent inverser la tendance en adoptant des actions concrètes en faveur des terres, ce qui aura un impact positif sur les chaînes de valeur et les industries », a conclu Nicole Schwab, membre du Comité exécutif du Forum économique mondial.
ARD/te/Sf/AP