Alors que la tension monte entre Kinshasa et Kigali, l’arrivée inattendue de Joseph Kabila à Goma, bastion du mouvement rebelle M23, relance les soupçons sur son rôle dans la crise sécuritaire à l’est de la RDC.
L’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, séjourne depuis le vendredi 18 avril à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, dans une région actuellement sous contrôle du mouvement armé Alliance du Fleuve Congo/M23 et de ses alliés.
Selon Radio Okapi, citant des sources locales, Joseph Kabila a franchi la frontière rwandaise via le poste de la Grande barrière, entre Gisenyi (Rwanda) et Goma (RDC), en début de soirée. Ce retour sur le territoire congolais intervient dans un contexte marqué par de fortes tensions entre le gouvernement congolais et son prédécesseur, accusé de soutenir les groupes armés actifs dans l’est du pays.
Le président Félix Tshisekedi, en déplacement officiel en Allemagne en février dernier, avait publiquement mis en cause Joseph Kabila, qu’il a qualifié de « vrai commanditaire » des violences en cours. Il a affirmé que l’ancien chef de l’État serait impliqué dans une « collusion avec le Rwanda », dénonçant une insurrection planifiée avec l’appui de Kigali.
Joseph Kabila avait rejeté ces accusations lors d’une interview à la presse sud-africaine, invitant son successeur à fournir des preuves. Dans une lettre adressée à Jeune Afrique le 8 avril dernier, il avait annoncé son retour en RDC, après une longue période d’absence, affirmant vouloir contribuer à la résolution de la crise sécuritaire par une entrée « par l’Est ».
L’annonce de son arrivée à Goma a suscité de vives réactions au sein de la classe politique congolaise. Le secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, parti présidentiel), Augustin Kabuya, y a vu un lien direct entre l’ancien président et la rébellion de l’AFC/M23. Il a qualifié Joseph Kabila de « pion de Paul Kagame ». Le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation politique de Kabila, a rejeté ces déclarations, les qualifiant de « mensonges visant à occulter l’échec du pouvoir actuel ».
De son côté, le président rwandais Paul Kagame a nié toute implication de son pays dans la crise congolaise, rejetant les accusations de Kinshasa et dénonçant la présence des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sur le sol congolais.
Dans ce climat tendu, l’Union africaine a annoncé le 12 avril avoir désigné le président togolais Faure Essozimna Gnassingbé comme médiateur dans le différend entre la RDC et le Rwanda. Une feuille de route est en cours d’élaboration pour appuyer ce processus.
Parallèlement, la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), par un communiqué publié le 14 avril depuis Gaborone, a démenti toute implication de sa mission (SAMIDRC) dans des opérations conjointes avec les FARDC, les FDLR ou les milices locales, comme l’avait affirmé l’AFC/M23. La SADC a indiqué que ses troupes procèdent à un retrait structuré de la zone.
AC/Sf/APA