Abderaman Koulamallah, ministre tchadien des Affaires étrangères, a expliqué la décision du Tchad de rompre ses accords militaires avec la France comme un acte de renforcement de la souveraineté nationale.
Tout en affirmant que la coopération économique et diplomatique entre Njaména et Paris se poursuivra, le ministre des Affaires étrangères Abderaman Koulamallah souhaite un départ rapide des troupes françaises.
Dans un entretien accordé à France 24, Abderaman Koulamallah, le ministre tchadien des Affaires étrangères, a abordé la rupture des accords de coopération militaire et de défense entre le Tchad et la France, annoncée le 28 novembre et confirmée le 2 décembre par Mahamat Idriss Déby Itno. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une réévaluation des relations entre les deux pays, 66 ans après la proclamation de la République du Tchad.
« Les accords, comme l’a dit le président Mahamat Idriss Déby Itno, sont arrivés à leur limite », a affirmé M. Koulamallah, précisant que cette rupture ne signifie pas la fin de la coopération bilatérale dans d’autres domaines tels que l’économie. « La France reste un partenaire important pour le Tchad », a-t-il ajouté.
Une rupture décidée par la souveraineté tchadienne
M. Koulamallah a souligné que cette rupture répond à une volonté populaire et nationale de renforcer la souveraineté du Tchad. « Nous n’avons plus besoin d’une armée étrangère pour sécuriser nos frontières. Le Tchad est capable de garantir l’intégrité de son territoire et la sécurité de ses citoyens », a-t-il affirmé, mettant l’accent sur la nécessité pour les pays africains de compter sur leurs propres forces armées.
Le ministre tchadien des Affaires étrangères a aussi démenti les rumeurs selon lesquelles la rupture des accords militaires avec la France serait liée à un supposé refus de la France d’intervenir contre Boko Haram. Il a précisé que le Tchad n’a jamais sollicité l’aide française pour cette lutte, soulignant que la France a, au contraire, été présente. Selon lui, les forces armées tchadiennes ont prouvé leur capacité à neutraliser Boko Haram sans l’aide extérieure. Il a insisté sur le fait que l’attaque contre les positions militaires dans le Lac Tchad ne nécessitait pas d’intervention française, puisque le Tchad dispose de la capacité de mener cette bataille seul.
Quant au retrait des troupes françaises présentes au Tchad, M. Koulamallah a expliqué que les autorités tchadiennes souhaitent un départ rapide, tout en assurant qu’il se ferait dans « un climat apaisé », précisant que la France a été informée de cette décision par voie diplomatique.
Une coopération bilatérale future
Le ministre a également évoqué la nécessité d’une coopération ouverte avec tous les pays, y compris la France, mais également avec d’autres puissances comme la Russie, l’Allemagne et l’Union européenne. « Nous ne faisons venir personne », a-t-il martelé, excluant la possibilité de remplacer les troupes françaises par des militaires russes ou d’autres puissances étrangères.
Bien que la France ait exprimé sa surprise face à cette décision, M. Koulamallah a rappelé que le Tchad était souverain dans ses choix. « Pourquoi devons-nous suivre le rythme de la France ? C’est notre pays, notre responsabilité », a-t-il conclu.
AC/Sf/APA