Face aux enjeux du contenu local et de la transition énergétique, l’Institut national du pétrole et du gaz (INPG) se positionne comme un levier stratégique pour bâtir une expertise sénégalaise et africaine, capable de répondre aux appels d’offres et aux défis de l’industrie pétro-gazière.
L’Institut national du pétrole et du gaz (INPG), bras armé de l’Etat sénégalais dans la formation aux métiers de l’énergie, entend franchir un nouveau cap. Sous la houlette de Dr Fall Mbaye, nommé en juillet 2024, l’établissement affiche l’ambition de devenir un pôle d’excellence en Afrique de l’Ouest, en formant massivement des techniciens qualifiés pour soutenir l’essor du secteur extractif.
« Nous avons répertorié 1 000 métiers dans le secteur pétrole, gaz et mines », a indiqué Dr Fall Mbaye dans une interview exclusive accordée vendredi 20 juin à APA, évoquant un potentiel de 20 000 emplois par métier. Pour répondre aux besoins croissants du secteur, l’INPG veut former, à terme, 15 000 techniciens, en partenariat avec le Fonds de financement de la formation professionnelle et technique (3FPT) et la stratégie du contenu local.
Déjà, l’établissement accueille une vingtaine d’étudiants tchadiens, dans le cadre d’une commande du gouvernement de N’Djaména pour former 200 inspecteurs dans l’aval pétrolier. D’autres pays comme le Niger ou le Gabon, producteurs expérimentés, ont manifesté également leur intérêt pour l’expertise développée à Dakar, a confié Dr Mbaye.
« Nous avons innové. Nous formons aujourd’hui des inspecteurs qui maîtrisent l’ensemble de la chaîne de l’aval : raffinage, transport, stockage et distribution du carburant », s’est réjoui le directeur général, ambitionnant de faire de l’INPG le centre d’expertise énergétique du continent.
Vers un centre BOSIET au Sénégal
Parmi les projets phares figure la construction d’un centre BOSIET à Diamniadio, une première au Sénégal. Ce certificat est indispensable pour tout technicien devant embarquer sur une plateforme offshore. « C’est comme un passeport pour le secteur. Les appels d’offres sont déjà lancés, et les travaux vont démarrer dans deux semaines », a annoncé Dr Mbaye, ajoutant que le centre devrait accueillir des professionnels venus de tout le continent africain.
L’INPG veut aussi réduire sa dépendance aux formateurs étrangers. Alors qu’en 2024, 85% des cours de niveau master étaient assurés par des experts de l’Institut français du pétrole (IFP), cette proportion est passée à 60%. « D’ici 2027, nous visons 80% de formateurs sénégalais, issus de la diaspora ou du pays », affirme le directeur général.
Les relations de l’INPG avec les acteurs du secteur pétrolier, publics comme privés, se sont également intensifiées. Des partenariats ont été établis avec les deux sociétés nationales (Petrosen et la SAR) mais aussi avec des multinationales telles que BP, Woodside, Kosmos et Modec, qui exploite le FPSO de Sangomar.
« Nous venons d’obtenir un contrat avec Woodside pour la formation de leurs techniciens, après des sessions dispensées jusqu’en Angleterre ou en Australie. Désormais, c’est nous qui les formons ici », explique Dr Mbaye.
En outre, l’INPG joue un rôle crucial dans l’opérationnalisation du contenu local, notamment dans le cadre du projet gazier transfrontalier GTA entre le Sénégal et la Mauritanie. Alors que les PME et PMI locales doivent s’inscrire sur la plateforme numérique dédiée pour accéder aux appels d’offres, « beaucoup ne disposent ni de la compétence technique ni de l’accompagnement nécessaire », déplore Dr Mbaye.
Pour y remédier, l’INPG a lancé un programme d’appui technique à destination des entreprises sénégalaises. « D’ici 2030, notre objectif est d’atteindre 50% de contenu local dans les projets pétroliers et gaziers », rappelle le patron de l’Institut.
Un an après le début de la production pétrolière au champ de Sangomar, le Sénégal affiche des résultats encourageants. Selon le ministère de l’Énergie, 33 cargaisons représentant 31,93 millions de barils ont été exportées, et la production 2025 est estimée à 30,53 millions de barils.
Le rapport ITIE du premier semestre 2024 souligne que les revenus des hydrocarbures ont atteint 45,79 milliards FCFA, en hausse grâce à des paiements exceptionnels de Woodside Energy. Ces recettes ont principalement bénéficié au budget de l’État, à PETROSEN et aux institutions régionales. En parallèle, une production de gaz naturel de plus de 1,5 million de Nm³ a été enregistrée dans les périmètres de Gadiaga et Sadiaratou.
ODL/ac/Sf/APA