Le souverain marocain a appelé à une réforme de la gouvernance financière mondiale pour une représentation équitable de l’Afrique et des conditions de financement plus justes, dans un esprit de solidarité et de coopération sud-sud.
Le roi Mohammed VI a adressé un message aux participants de l’édition 2025 du Forum « Ibrahim Governance Weekend », qui s’est ouvert dimanche à Marrakech sous son Haut Patronage. Dans cette intervention lue par son conseiller André Azoulay, le souverain marocain a tracé les quatre lignes directrices fondamentales pour un développement durable et inclusif du continent africain.
Dans son message, le roi Mohammed VI a d’abord salué les efforts de la Fondation Mo Ibrahim en faveur du débat sur le développement du continent. Il a toutefois souligné que les crises internationales actuelles aggravent les inégalités entre pays et freinent la réalisation des Objectifs de développement durable à l’horizon 2030. Le souverain a ainsi insisté sur la nécessité, pour l’Afrique, de transformer ces défis en opportunités.
Le roi Mohammed VI a ensuite mis en avant quatre axes stratégiques pour un essor africain harmonieux et prospère. Le premier consiste à repenser le paradigme du financement du développement en mobilisant davantage les ressources domestiques et en développant des mécanismes de financement novateurs, indépendants de l’aide extérieure génératrice de dettes.
Le deuxième axe porte sur l’instauration d’un environnement institutionnel, économique et social plus propice aux investissements et à l’emploi. Le roi a insisté sur l’importance de la bonne gouvernance, de la transparence, de la protection des investisseurs et de la lutte contre la corruption pour créer un climat favorable au développement.
Le troisième axe consiste à renforcer les échanges intra-africains, notant que les flux commerciaux à l’intérieur du continent ne représentent actuellement que 16 % des échanges totaux, contre 60 % en Europe. Il a salué, à ce titre, le lancement de la Zone de libre-échange continentale africaine, qu’il considère comme une opportunité majeure pour stimuler la croissance, l’industrialisation et l’investissement.
Enfin, le quatrième axe concerne la valorisation des ressources naturelles de l’Afrique. Avec 40 % des réserves mondiales de matières premières et un potentiel considérable en énergie et en ressources agricoles, le roi Mohammed VI a exhorté les pays africains à transformer localement ces richesses pour générer de la valeur ajoutée, créer des emplois et renforcer l’intégration régionale.
Le roi a rappelé que le Maroc, fort de son expertise en énergies renouvelables, en agriculture durable et en infrastructures, s’érige désormais en catalyseur des partenariats Sud-Sud. Il a cité des projets structurants tels que le Gazoduc africain atlantique (AAGP) et l’Initiative atlantique, lancée récemment pour offrir aux États du Sahel un accès stratégique à l’océan Atlantique.
Le souverain a également mis en avant les mécanismes de financement innovants développés par le Maroc, notamment le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement et la plateforme Casablanca Finance City, soulignant leur rôle clé dans l’essor du continent.
Le roi Mohammed VI a conclu son message en appelant la communauté internationale à placer le financement du développement africain au cœur de son agenda, à l’heure où la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement doit se tenir à Séville. Il a plaidé pour une réforme de l’architecture financière mondiale qui tienne pleinement compte des réalités africaines et assure une meilleure représentation des pays du continent au sein des instances internationales.
« Le développement ne se décrète pas, il se construit par des politiques ambitieuses, par l’investissement dans le capital humain et par une gouvernance économique rigoureuse », a souligné le souverain marocain, réaffirmant la détermination du Maroc à poursuivre ses efforts en faveur d’un développement africain inclusif et durable.
MK/ac/Sf/APA