Les Nations Unies ont fermement condamné une frappe aérienne meurtrière survenue le 3 mai contre un hôpital de Médecins sans frontières (MSF) à Old Fangak, dans l’État de Jonglei, au nord du Soudan du Sud.
L’attaque contre l’hôpital de Médecins sans frontières au Soudan du Sud a provoqué la mort de sept civils et blessé 27 autres, selon la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS). L’hôpital, qui desservait plus de 110 000 personnes, a dû fermer ses portes.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a souligné que cette frappe prive des milliers de civils d’un accès vital aux soins, dans une région déjà frappée par de nombreuses vulnérabilités. Le Dr Humphrey Karamagi, représentant de l’OMS, a déploré l’impact direct de cette attaque sur la santé publique.
Une autre frappe, survenue la veille à New Fangak près d’un entrepôt du Programme alimentaire mondial (PAM), a endommagé une digue essentielle à la protection contre les inondations.
Ces événements s’inscrivent dans une série d’attaques contre des infrastructures médicales, notamment dans les hôpitaux d’Ulang et de Nasir, dans l’État voisin du Haut-Nil. Depuis janvier 2025, l’OMS a recensé huit incidents distincts visant des structures de santé, avec des personnels tués, des équipements pillés ou détruits.
« Des convois humanitaires ont également été pris pour cibles, et la destruction de la chaîne du froid compromet gravement les services essentiels », a alerté le Dr Karamagi.
Le pays est actuellement confronté à une importante épidémie de choléra, avec plus de 55 000 cas recensés et plus de 1 000 décès entre septembre 2024 et avril 2025. À cela s’ajoutent des violences persistantes, notamment dans le Haut-Nil, qui ont causé environ 80 000 déplacés. D’autres affrontements touchent les États d’Équatoria occidental, d’Équatoria central et de l’Unité, provoquant un afflux de 23 000 réfugiés vers l’Éthiopie.
Une attaque qualifiée de crime de guerre
La Commission des droits de l’homme de l’ONU au Soudan du Sud a qualifié le bombardement de l’hôpital de MSF de « crime atroce », estimant qu’il pourrait constituer une grave violation du droit international humanitaire, voire un crime de guerre.
« Ce n’est pas un accident. Il s’agit d’une attaque délibérée et illégale contre une structure médicale protégée », a déclaré Yasmin Sooka, présidente de la Commission, appelant à des poursuites immédiates contre les responsables.
Les enquêteurs de l’ONU ont également mis en garde contre une escalade des tensions ethniques et une polarisation croissante au sein des élites politiques et militaires. Ils dénoncent la stigmatisation de la communauté de Fangak, qui pourrait conduire à des représailles et à des violences collectives.
« Le Soudan du Sud s’engage sur une voie extrêmement périlleuse », a alerté Mme Sooka, appelant à une désescalade urgente pour éviter un nouveau conflit à l’échelle nationale.
TE/Sf/APA