Après l’achèvement du tracé théorique, Abidjan et Conakry entament, ce mercredi 25 juin 2025, l’opération de collecte des données sur le terrain en vue de la délimitation définitive des frontières terrestres des deux pays.
« La Côte d’Ivoire et le Guinée ont mis en place la Commission technique mixte de matérialisation des frontières qui a déjà adopté le tracé théorique de la frontière entre les deux pays », a renseigné ce mardi 24 juin 2025, le secrétaire exécutif de la Commission nationale des frontières de Côte d’Ivoire (CNF-CI), M. Diakalidia Konaté.
Diakalidia Konaté s’exprimait à l’occasion de la célébration de la Journée africaines des frontières (JAF 2025), à Gbapleu, un village de la sous-préfecture de Kouhan-Houlé, dans le département de Danané (ouest ivoirien).
« Demain (mercredi 25 juin 2025) même, une équipe d’experts des deux pays va démarrer la reconnaissance technique tout le long de cette frontière », a-t-il annoncé, ajoutant que « cette équipe va parcourir toute la frontière pour récolter des coordonnées de points qui vont permettre d’affiner le tracé théorique et de finaliser le tracé définitif de la ligne frontière entre les deux pays ».
« Ils sont là avec nous ici. Je vous demande de leur réserver un accueil chaleureux et fraternel dans les villages et campements qu’ils vont visiter. Après cette mission, ils vont avoir toutes les informations nécessaires pour tracer définitivement la frontière entre la Côte d’Ivoire et la Guinée », a-t-il souligné.
Avec le Libéria, la frontière terrestre a été déjà tracée entre la France et le Libéria au temps colonial, a fait savoir, précisant qu’ « il est donc question d’actualiser les données pour réaffirmer cette frontière en reconstruisant de nouvelles bornes à la place de celles existant actuellement ».

Coopération transfrontalière
La Commission technique mixte composées des experts des deux pays et chargée de cette mission vient d’être installée le 16 juin 2025 à Monrovia, a fait savoir M. Konaté, exhortant également les populations de la Côte d’Ivoire et du Libéria à accueillir « fraternellement » les équipes qui viendront dans leurs villages pour confirmer le tracé de la frontière.
Cette année, les festivités de la Journée africaine des frontières se tiennent autour du thème : « Quelles contributions des acteurs frontaliers au renforcement de la coopération transfrontalière et à la cohabitation pacifique à nos frontières. »
Le choix du village de Gbapleu, dira-t-il, est le fait que c’est la « ville à la frontière de trois pays frères, symbole de l’unité entre la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Libéria et de la coopération dans l’espace Mano Rivers ».
Le chef de la délégation de la Guinée, Bala Oularé, sous-préfet de N’Zoo (Guinée), a invité les communautés locales, libériennes et guinéennes à œuvrer pour la cohésion sociale et à porter les valeurs de paix et de sécurité tout au long des frontières.
Pour sa part, le chef de la délégation du Libéria, Emmanuel Wheinyue, représentant le ministre des Affaires intérieures, a souligné qu’en réalité, il n’y a pas de frontière entre les peuples, mais seulement des frontières imaginaires.
Il a relevé que le Libéria a accueilli du 16 au 19 juin 2025 une réunion sur les frontières en Afrique, saluant le leadership de M. Konaté dans les relations entre son pays et la Côte d’Ivoire pour créer, aux frontières, un espace de vie et de sûreté.
M. Wheinyue a invité les autorités, la jeunesse et les chefs coutumiers à être attentifs à tous les flux aux frontières afin qu’il n’y ait pas des activités illégales comme le trafic de drogue, le terrorisme, et surtout à collaborer avec les forces de sécurité.
Gouvernance des frontières
« Notre sous-région ouest-africaine est traversée par une crise sécuritaire profonde du fait des activités des groupes terroristes qui sévissent dans le Sahel. Vous avez donc un rôle extrêmement important à jouer dans la préservation de la paix en étant vigilants, en excluant tout discours, toutes actions qui tendent à diviser, à créer les troubles, à menacer la paix et la sécurité », a lancé M. Konaté à l’endroit des populations.
« Dans nos zones frontalières, il y a beaucoup de conflits liés à la terre, dus à la non matérialisation de nos frontières, des conflits entre éleveurs et cultivateurs, des conflits liés à la gestion de nos ressources partagées, notamment l’eau et les forêts », a-t-il énuméré, soutenant que des solutions peuvent être trouvés par le dialogue.
Le préfet du Département de Danané (ouest ivoirien), Ahoutou N’Guessan, représentant le préfet de la Région du Tonkpi, s’est félicité de cette initiative qui permet d’éliminer les sources de tensions aux frontières et d’impulser le développement du cadre de vie des populations.
La JAF 2025 a été marquée par un défilé des délégations, la prestation des groupes de danse, des rencontres sportives et le partage d’un repas collectif. La CNF-CI a offert une pompe hydraulique et un lot de matériels informatiques à la sous-préfecture de Kouhan-Houlé.
À travers la célébration de la Journée africaine des frontières, l’Union africaine (UA) veut vulgariser le Programme frontières qu’elle a mis en place depuis 2007 pour apporter des réponses concrètes aux problèmes que les pays africains rencontrent à leurs frontières. Ce projet est appuyé par l’OIM et la GIZ.
AP/Sf/APA