La présentation des lettres de créance du nouvel ambassadeur sénégalais au Niger marque une étape de plus dans la normalisation des relations entre les deux pays, après des mois de tension.
Mouhamadou Sarr, nommé en mars dernier par le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, Ambassadeur au Niger en remplacement d’Abdou Khadir Agne, a présenté vendredi 30 mai la copie figurée de ses lettres de créance au ministre nigérien des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’Extérieur, Bakary Yaou Sangaré. L’information a été rapportée samedi par la Radiodiffusion Télévision du Niger (RTN).
Prenant officiellement fonction à Niamey en tant qu’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, Mouhamadou Sarr a exprimé sa volonté de renforcer la coopération entre les deux pays, qui entretiennent depuis longtemps des relations jugées fraternelles. Le ministre nigérien lui a souhaité la bienvenue et une mission fructueuse, saluant une nouvelle étape dans le raffermissement des liens bilatéraux.
Cette présentation de lettres de créance s’inscrit dans la continuité d’un réchauffement diplomatique amorcé début mai, lorsque le ministre sénégalais des Forces armées, le général Birame Diop, avait été reçu par le président nigérien, le général Abdourahmane Tiani. Cette rencontre, première du genre depuis la prise de pouvoir par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) en juillet 2023, avait marqué un tournant après une période de tensions. Sous l’administration précédente, le Sénégal faisait partie des plus fervents partisans d’une intervention militaire de la Cédéao pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger.
À l’issue de l’audience, le général Diop avait tenu un discours d’apaisement. « Le message de notre Président confirme la détermination du Sénégal à collaborer étroitement avec le Niger pour renforcer des relations déjà excellentes. L’œuvre humaine n’étant pas parfaite, des améliorations sont toujours envisageables », avait-il déclaré.
Il avait également mis en avant la coopération militaire, soulignant que « nombreux sont nos militaires formés ici au Niger, tout comme de nombreux membres des forces nigériennes sont formés au Sénégal ». Sur le plan économique, il avait plaidé pour un renforcement des échanges commerciaux, évoquant notamment les foires à forte participation sénégalaise, et annoncé des discussions en vue d’une liaison aérienne directe entre les deux pays par Air Sénégal.
Sur le plan sécuritaire, le ministre avait insisté sur l’échange de renseignements pour lutter contre le terrorisme, affirmant que « la possession d’informations fiables garantit le succès dans la lutte antiterroriste ».
Il avait aussi abordé la question de l’immigration irrégulière, appelant à une action conjointe : « Le Sénégal est un pays source, tandis que le Niger est une zone de transit. Comment pouvons-nous conjuguer nos efforts pour mieux faire face à ce phénomène ? »
Enfin, le général Diop avait appelé à renforcer la coopération au sein des organisations régionales et internationales telles que l’UEMOA, l’ASECNA, l’Union africaine et les Nations Unies, en s’interrogeant : « Quelles actions communes pouvons-nous entreprendre pour consolider ces institutions afin qu’elles soutiennent efficacement nos initiatives de développement ? »
AC/Sf/APA