Réuni à Istanbul les 21 et 22 juin 2025, le 51e Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) s’est tenu dans un contexte mondial marqué par une instabilité géopolitique persistante. Face à un ordre international jugé défaillant et à des mécanismes multilatéraux en perte d’efficacité, le Mali a exprimé une position pour un monde plus juste, fondé sur l’égalité souveraine des États, la non-ingérence et le respect du droit international.
S’exprimant au nom du gouvernement malien, lors du 51e Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’OCI, l’ambassadeur Seydou Coulibaly, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, a exposé à la tribune la lecture que fait Bamako des mutations en cours. Le Mali a salué le thème choisi pour cette session – « l’OCI dans un monde en mutation » – et souligné l’ampleur des bouleversements en cours sur la scène mondiale.
Il a dénoncé l’absence de réponses adéquates de la part des institutions internationales face à des crises globales désormais interdépendantes. Dans ce contexte, la coopération islamique est apparue comme un levier essentiel pour restaurer la confiance, répondre aux déséquilibres et consolider les solidarités.
Il a dénoncé l’absence de réponses adéquates de la part des institutions internationales face à des crises globales désormais interdépendantes. Dans ce contexte, la coopération islamique est apparue comme un levier essentiel pour restaurer la confiance, répondre aux déséquilibres et consolider les solidarités.
Appelant à la fin des pratiques néocoloniales, le Mali a fermement rejeté l’usage de mesures coercitives unilatérales, souvent utilisées à des fins politiques ou idéologiques. Il a également critiqué la politisation sélective des droits humains, rappelant la nécessité d’en finir avec les approches à géométrie variable qui alimentent la défiance entre les peuples. Selon la délégation malienne, seule une diplomatie fondée sur la réciprocité, le respect mutuel et le dialogue permettra de désamorcer les tensions.
Au plan régional, le Mali a insisté sur les progrès sécuritaires réalisés depuis le début de la transition. Les forces de défense ont repris le contrôle de zones autrefois échappant à l’autorité de l’État. Ce redéploiement a été facilité, selon Bamako, par la coordination croissante entre les pays membres de la Confédération des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Officiellement constituée en juillet 2024, cette entité revendique aujourd’hui une approche commune de la lutte antiterroriste, renforcée par une force unifiée déployée sur plusieurs fronts. Pour les autorités maliennes, ce tournant régional marque une rupture assumée avec les anciennes approches de sécurité externalisée.
Le Mali a salué le soutien verbal de l’OCI à la lutte contre le terrorisme, mais a plaidé pour un engagement plus concret. Il a en particulier mis en garde contre les tentatives de déstabilisation attribuées à des puissances extérieures, mentionnant explicitement l’Ukraine, accusée d’avoir revendiqué un soutien à des groupes hostiles dans la région du Sahel. Le gouvernement malien a appelé l’OCI à condamner sans équivoque ce type d’ingérence.
Dans sa déclaration, la délégation malienne a également exprimé sa vive préoccupation face à la situation à Gaza. Le Mali a dénoncé les violences jugées « disproportionnées » contre la population civile palestinienne et a réaffirmé son attachement à une solution à deux États, avec Jérusalem-Est (Al-Qods Al-Sharif) comme capitale de l’État palestinien. Par ailleurs, Bamako a condamné les frappes israéliennes sur le territoire iranien, qualifiées d’« agression injustifiée », en appelant au respect du droit international et à une réaction collective des membres de l’OCI pour éviter un embrasement régional.
Enfin, le Mali a exprimé sa reconnaissance à la République de Türkiye pour l’organisation de la session, et remercié l’Arabie Saoudite pour son appui constant aux États membres. La déclaration s’est achevée sur un appel à la cohésion, à la solidarité islamique et à la réforme du multilatéralisme pour l’adapter aux exigences d’un monde en recomposition.
MD/ac/Sf/APA