La crise politique en Libye n’a pas éteint les rêves des jeunes du pays, qui continuent d’aspirer à un avenir meilleur, assis sur la stabilité, la responsabilité et les reformes.
Alors que la Libye progresse lentement vers la paix et la normalisation, les rêves des jeunes pour un retour à la stabilité se transforment en espoirs tangibles.
Récemment, 29 jeunes Libyens de tout le pays ont participé à des ateliers, en personne et en ligne, organisés par les experts économiques de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye. Ces ateliers ont permis de discuter des défis économiques de la Libye et de proposer des solutions pour y faire face.
Parmi les participants, 10 femmes et 19 hommes, une majorité a insisté sur la nécessité d’une stabilité politique durable comme condition essentielle pour la relance économique. Cependant, beaucoup ont également souligné l’urgence d’une meilleure gouvernance, d’une plus grande responsabilité et de mesures concrètes pour lutter contre la corruption endémique.
« Il est impossible de parler d’une économie durable tant que la corruption persiste », a déclaré l’une des participantes, appelant à des réformes politiques pour renforcer la transparence et la responsabilisation.
Un autre participant a évoqué la méfiance croissante des jeunes envers les institutions publiques. « Beaucoup de jeunes ne croient plus que les institutions soient responsables ou efficaces », a-t-il affirmé. Le thème de la corruption a dominé les discussions, plusieurs jeunes exprimant leurs inquiétudes sur l’absence de mesures concrètes pour y remédier.
« Les richesses volées au fil des années auraient suffi à réhabiliter une grande partie du pays », a déploré un autre participant.
D’autres ont partagé leurs frustrations face aux difficultés économiques : « Je suis diplômé, sans emploi, sans voiture, et je ne bénéficie même pas des subventions sur les carburants. Nous avons besoin de directives claires du gouvernement concernant la suppression de ces subventions. »
Les jeunes Libyens ont également exploré l’impact du numérique sur l’amélioration du climat des affaires et la responsabilisation du secteur public. Bien que beaucoup voient un potentiel dans les solutions numériques, ils insistent sur la nécessité d’un meilleur soutien financier et de formations adaptées pour aider les jeunes à s’adapter aux exigences du marché du travail. Les discussions ont mis en lumière l’urgence de réformes structurelles, alors que la jeunesse continue d’exiger des décisions politiques concrètes pour favoriser la stabilité et la croissance économique.
Afin d’améliorer la situation économique, les jeunes ont appelé à une diversification de l’économie, en se détournant du pétrole et en explorant d’autres secteurs comme le tourisme, les services, les énergies renouvelables et l’agriculture. Ils ont aussi réclamé une gestion équitable des ressources naturelles, respectueuse des générations futures.
Ils ont souligné que la Libye pourrait mieux exploiter sa position géographique stratégique pour développer le commerce et les échanges, tout en appelant à une modernisation des politiques régissant les investissements privés et les contrats. La transparence des processus et des décisions doit être renforcée pour limiter la corruption.
De plus, les jeunes ont suggéré de simplifier la création d’entreprises et de mettre en place des pépinières d’entreprises dans toutes les municipalités pour encourager l’entrepreneuriat, attirer les investissements et développer la formation des jeunes entrepreneurs.
Des réformes sont également nécessaires dans le secteur monétaire pour garantir l’accès des entreprises aux ressources nécessaires à leur fonctionnement. Ils ont aussi demandé une application stricte de la législation fiscale et une lutte accrue contre l’évasion fiscale.
Les autorités libyennes doivent, selon eux, lancer des campagnes de sensibilisation à l’entrepreneuriat, aux droits des travailleurs et à l’inclusion économique des femmes, afin de renforcer la participation citoyenne et l’autonomisation des communautés. Il a également été souligné que des investissements dans les infrastructures numériques et le développement des compétences des jeunes étaient essentiels pour soutenir le secteur privé.
Enfin, les jeunes ont insisté sur l’importance d’introduire des technologies pour suivre la performance économique du gouvernement et rendre les données publiques, favorisant ainsi la transparence et la responsabilité.
Les participants ont aussi évoqué la nécessité de réformer le système de subventions aux carburants pour améliorer la viabilité budgétaire, réduire les profits des groupes armés et des réseaux criminels, tout en abordant les problèmes d’emploi dans le secteur public grâce à la gestion des performances.
Ils ont même plaidé pour l’implication active des femmes, des jeunes et des personnes handicapées dans la formulation des politiques économiques, afin de garantir une économie plus inclusive et durable. Une meilleure coordination entre le marché du travail et les institutions éducatives est essentielle pour préparer efficacement les diplômés à leur avenir professionnel.
« Nous avons besoin d’une constitution permanente qui non seulement inclut mais légifère également sur la diversification économique », a souligné un participant.
« Les jeunes ont de nombreuses opportunités d’innover et de créer des entreprises, mais les écoles, universités et espaces civiques doivent être utilisés plus efficacement », a ajouté une autre participante.
Elle a conclu en soulignant que « la sécurité et la stabilité durables, rendues possibles par des élections libres et justes, sont essentielles à la croissance économique. La sécurité actuelle est fragile et si elle venait à se dégrader, tous les efforts pourraient être anéantis ».
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