L’Unicef a lancé un appel alarmant mardi concernant l’augmentation des violences sexuelles faites aux enfants au Soudan, un phénomène exacerbé par la guerre civile qui ravage le pays. Des enfants, y compris des nourrissons âgés de seulement un an, ont été victimes de viols et d’agressions sexuelles perpétrées par des hommes armés.
Catherine Russell, Directrice générale de l’Unicef, a exprimé son indignation en déclarant : « Des enfants d’à peine un an sont violés par des hommes armés. Cette seule affirmation devrait choquer tout un chacun aux tréfonds de son âme et obliger à agir immédiatement ».
Depuis le début de l’année 2024, 221 cas de viols d’enfants ont été recensés, dont deux tiers concernent des filles. Parmi ces victimes, seize avaient moins de cinq ans, dont quatre étaient des nourrissons. En outre, 77 autres cas d’agressions sexuelles, principalement des tentatives de viol, ont été rapportés. Toutefois, l’Unicef souligne que ces chiffres ne reflètent pas l’ampleur réelle du phénomène, car de nombreuses victimes et leurs familles hésitent à se manifester, par crainte de stigmatisation, de représailles ou d’accusations de collaboration avec des groupes armés.
L’Unicef indique que les violences sexuelles sont de plus en plus utilisées comme arme de guerre au Soudan, ce qui constitue une grave violation du droit international, susceptible d’être qualifiée de crime de guerre. Des millions d’enfants risquent d’être exposés à ces violences dans ce contexte de guerre.
Des témoignages poignants révèlent l’ampleur de cette souffrance, comme celui d’une jeune fille de 16 ans, enceinte après avoir été violée par trois hommes armés. Une autre survivante, identifiée sous le nom d’Omnia, décrit les violences subies par d’autres filles, notamment des agressions répétées qui plongent les victimes dans un état de choc intense.
Les séquelles physiques et psychologiques de ces agressions sont profondes et indélébiles. L’Unicef appelle la communauté internationale à renforcer son soutien pour protéger les enfants et à exiger que les parties au conflit respectent leurs obligations envers les civils, notamment les enfants. Les victimes, souvent confrontées à des dilemmes insurmontables, doivent pouvoir bénéficier d’un soutien médical et psychologique adapté.
Face à cette crise humanitaire, l’Unicef appelle à une action urgente et demande aux donateurs d’investir dans des programmes de prévention et de prise en charge des violences sexuelles et fondées sur le genre. L’organisation avertit que la violence sexuelle continue de se propager au Soudan et que chaque instant perdu aggrave la souffrance des victimes.
Par ailleurs, la situation de sécurité se détériore de jour en jour, notamment dans le Darfour, où plus de 3 400 familles ont été déplacées récemment en raison des violences des Forces de soutien rapide (RSF), aggravant encore la crise humanitaire dans la région.
TE/Sf/APA