La compagnie aérienne Air France a déjà suspendu ses vols à destination du Mali.
La tension diplomatique entre le Mali et la France entre dans une nouvelle phase. Jeudi 10 août, les services consulaires respectifs à Bamako et à Paris ont suspendu la délivrance de visas aux ressortissants des deux pays.
C’est Paris qui a d’abord annoncé, en début de semaine, la suspension de la délivrance de visas après avoir placé tout le Mali, y compris Bamako, en zone rouge c’est-à-dire « formellement déconseillée aux voyageurs ».
Auparavant, la capitale malienne se trouvait en zone orange, « déconseillée sauf raison impérative » alors que le reste du pays était en zone rouge en raison de la propagation du terrorisme, du risque d’enlèvement et de l’insécurité de manière générale. Cette situation est également en partie due à la tension qui prévaut au niveau régional avec la décision prise par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) d’intervenir militairement au cas où le président du Niger Mohamed Bazoum ne serait pas rétabli dans ses fonctions. Une décision qui a aussi fait réagir Bamako et Ouagadougou également gérés par une transition militaire, qui ont promis d’entrer dans la danse pour défendre les nouveaux maîtres du pouvoir de Niamey. Paris voudrait ainsi voir plus clair pour reprendre ses opérations de délivrance de visa au Mali.
En réaction à cette décision, Bamako a indiqué avoir suspendu la délivrance de visas « en application de la réciprocité ». « Cette modification entraîne une réorganisation des services de l’ambassade de France à Bamako, qui ne pourra dès lors plus délivrer de visas jusqu’à nouvel ordre », indique sur son site internet Capago, prestataire traitant les demandes de visas en amont avant l’instruction des dossiers par les services français. Chaque année, ce sont des milliers de ressortissants maliens qui introduisent des demandes pour obtenir le visa Schengen, leur permettant de se rendre en France.
Cette décision intervient au même moment où Air France a suspendu ses vols à destination du Mali (7 vols par semaine) et du Burkina Faso (5 vols par semaine) après la fermeture de l’espace aérien du Niger voisin, théâtre d’un coup d’État le 26 juillet. Cette suspension était censée être levée ce vendredi 11 août. Elle a, semble-t-il, été prolongée jusqu’au vendredi 18 août « à la suite du coup d’Etat au Niger et en raison de la situation géopolitique dans la région du Sahel ». La levée de cette suspension dépend également des autorités maliennes qui ont à leur tour annulé l’autorisation d’Air France d’exercer entre Paris et Bamako, assurant répondre à la suspension des vols annoncée par la compagnie aérienne. Pour Bamako, cette décision d’Air France est un « manquement notoire » aux termes de son autorisation d’exploitation puisqu’elle n’a procédé à aucune notification préalable causant ainsi « un désagrément aux passagers ».
Il s’agit ainsi d’une nouvelle escalade entre la France et le Mali dont les relations diplomatiques se sont fortement détériorées depuis le second putsch intervenu au Mali en mai 2021 après celui d’août 2020. Les autorités maliennes se sont tournées politiquement et militairement vers la Russie poussant vers la sortie les forces françaises en août 2022. Avant cela, elles avaient expulsé l’ambassadeur français en janvier 2022.
MD/ac/APA