Alors que les autorités sénégalaises multiplient les efforts pour intégrer les écoles coraniques traditionnelles (daaras) dans le système éducatif national, la mort tragique cette semaine de quatre talibés à Thiénaba, dans le département de Kébémer (nord), relance les débats sur les conditions de vie de ces enfants.
A l’heure où l’Etat sénégalais engage la une réforme des écoles coraniques, quatre talibés, élèves de tels établissements, âgés d’une dizaine d’années, sont « morts dans des circonstances troublantes », selon L’Observateur.
Cette tragédie intervient en pleine tenue des assises nationales des daaras, où Fatou Fall Samba, spécialiste principale en gestion financière de la Banque mondiale, a rappelé l’importance de ces écoles dans le tissu éducatif sénégalais.
« Le Sénégal fait face à un enjeu majeur : environ 1,5 million d’enfants sont actuellement hors du système scolaire formel », a-t-elle déclaré.
Ces enfants bénéficient souvent « de diverses alternatives éducatives, notamment les daaras, qui jouent un rôle fondamental dans la transmission des valeurs spirituelles, culturelles et éducatives ».
La Banque mondiale appuie plusieurs programmes en lien avec les daaras, notamment le PAQEEB, doté de 30 millions de dollars, et le PAPSE, mobilisant 100 millions de dollars, pour leur intégration progressive dans le système éducatif formel.
« Les daaras ne sont pas seulement des lieux d’apprentissage religieux ; ils constituent une composante essentielle du paysage éducatif sénégalais », a souligné Fatou Fall Samba.
Parallèlement, les autorités politiques entendent s’attaquer au phénomène de la mendicité des enfants. Lors d’un conseil des ministres tenu fin avril 2025, le Premier ministre Ousmane Sonko a souligné « la forte préoccupation du gouvernement face à ce phénomène de violation grave des droits de l’enfant », évoquant la tenue prochaine des assises de la petite enfance pour trouver « des solutions concrètes et durables ».
Mais cette volonté politique suscite des crispations. Certains maîtres coraniques, à l’instar de Serigne Ibrahima Dramé, président de l’association des Serigne Daaras du département de Louga, affirment ne pas être associés aux décisions : « Si nous acceptons la mendicité, c’est bien malgré nous », a-t-il déclaré à la radio RFM.
Pour la Banque mondiale, les assises actuelles sont « une occasion unique de dialogue sincère, d’écoute mutuelle et de construction d’une vision commune », avec pour objectif « une éducation de qualité, une dignité respectée et des perspectives réelles d’avenir » pour chaque enfant.
Le drame de Thienabe a été constaté la semaine dernière après que les quatre talibés avaient consommé une plante suspecte, explique le journal dans sa parution de mercredi. Le maître coranique responsable des enfants a été placé en garde à vue.
ODL/te/Sf/APA