La FAO encourage la Côte d’Ivoire à poursuivre le développement de l’activité aquacole. Alors que ses besoins en consommation de poissons sont estimés à 600 000 tonnes l’an, le pays produit entre 8 000 et 10 000 tonnes via de l’aquaculture, enregistrant un déficit important de ressources halieutiques, comblé par l’importation.
Lors d’une Masterclass, à l’occasion du Salon de la pêche et de l’aquaculture, ouvert ce jeudi 24 avril 2025, à Abidjan, Pierre Philippe Blanc, consultant pour la FAO, a appelé à un investissement massif dans l’aquaculture et les jeunes à s’engager dans cette filière, sous-exploitée.
Pour Pierre Philippe Blanc, « l’aquaculture doit être accompagnée par les Etats et doit devenir une priorité, parce que les ressources dans les océans, petit-à-petit ne suffisent plus à nourrir les populations » de la planète.
L’aquaculture est l’ensemble des activités d’élevage en eau continentale ou marine en vue d’en améliorer la production. Elle regroupe la pisciculture (élevage de poissons), la conchyliculture (élevage de coquillages marins : huîtres, moules) et la carcinoculture (élevage de crevettes et écrevisses).
« La Côte d’Ivoire consomme 600 000 tonnes de poissons dont entre 8 000 et 10 000 tonnes viennent de l’aquaculture par an », a fait observer Pierre Philippe Blanc, indiquant que le pays « importe du tilapia d’aquaculture de Chine ».
Selon Pierre Philippe Blanc, au niveau de l’aquaculture, dans le monde, « les poissons qu’on consomme représentent 57% » en 2024, tandis que « la pêche ne représente que 43% ». D’où « on récolte plus de poissons par l’aquaculture que par la pêche. Et ce, depuis presque cinq ans ».
C’est la première fois que les produits de l’aquaculture dépassent tous les poissons récoltés, a-t-il renseigné. Cependant, « l’Afrique n’est pas à 50%, on est à des taux qui oscillent entre 5, 10 et 15%. Donc il y a beaucoup de progrès à faire. »
Pierre Philippe qui accompagne le projet Fish4ACP depuis 2021, en Côte d’Ivoire, a saisi l’opportunité de cette Masterclass sur l’aquaculture, source durable de protéines halieutiques, pour appeler les autorités à « aider cette filière à devenir grande ».
FISH4ACP est une initiative de l’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), financée par l’Union européenne et le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du développement (BMZ). Le programme est mis en œuvre par la FAO et ses partenaires.
Aujourd’hui, « l’aquaculture a dépassé la pêche et il y a beaucoup plus de produits qui viennent de l’aquaculture que de la pêche », a-t-il dit, faisant observer qu’ « il y a beaucoup de potentiels en Afrique et ce potentiel, il est juste à son démarrage. »
Nafi Touré, consultante senior pour Amarante, structure spécialisée en intelligence financière, a souligné que l’organisation accompagne les coopératives et les producteurs dans le financement, à travers la structuration de leur business, des pratiques financières durables pour pouvoir être totalement bancables et avoir accès à des financements.
Sa structure, dira-t-elle, « accompagne les tout-petits producteurs afin d’avoir accès aux nano financements à travers leur groupement ».
Dans le cadre de ce salon qui s’achève ce week-end, elle organise un forum sur la finance aquacole pour améliorer l’écosystème financier aquacole
Selon Nafi Touré, « l’aquaculture est une filière jeune en Côte d’Ivoire (et) le défi, aujourd’hui, c’est de pouvoir renforcer la production » ainsi que « la connaissance et la compréhension de l’activité pour les institutions financières ».
La Masterclass sur l’aquaculture a fait ressortir que l’aliment pour les poissons occupe plus de 60% dans les comptes d’exploitation des producteurs, d’où le besoin de création d’unités de production d’aliments pour une culture durable.
La Côte d’Ivoire dispose de plus de 500 Km de littoral, plus de 300 Km de lagunes et quatre grands fleuves. Le secteur de la pêche, lui, fait vivre plus de 100 000 personnes de façon directe et génère plus de 500 000 emplois indirects.
AP/Sf/APA