Une saisie de 3,676 kilogrammes d’or a été effectuée par la Brigade mobile d’intervention (BMI) des Douanes maliennes lors d’un contrôle routier à Ouelessebougou. Le précieux métal, dissimulé dans un double fond d’un véhicule de type Toyota Highlander, transitait sur un axe reliant Bamako aux principales zones aurifères du sud du pays, non loin de la frontière guinéenne.
Estimée à environ 150 millions de francs CFA, la cargaison saisie— à raison de 38 à 41 millions de FCFA le kilo sur le marché régional — n’est pas un cas isolé au Mali. Toutefois, elle se distingue par son volume conséquent et par le lieu de l’interception, peu habituel pour ce type de saisie.
Sous la houlette de l’Inspecteur général Amadou Konaté, les services douaniers ont renforcé la surveillance sur les routes secondaires, dans le cadre d’une stratégie de lutte contre la contrebande et les pertes fiscales liées aux exportations non déclarées d’or. Le métal jaune représente en effet la première richesse d’exportation du Mali.
En 2024, plus de 70 tonnes d’or ont été officiellement exportées, générant près de 1 300 milliards de FCFA. Mais les estimations non officielles évoquent entre 20 et 30 tonnes supplémentaires qui échappent chaque année au contrôle des autorités, soit jusqu’à 800 milliards de francs CFA de manque à gagner pour le Trésor public — l’équivalent de plusieurs budgets ministériels.
Située sur l’axe Bamako-Kita, la ville d’Ouelessebougou constitue un point stratégique sur les routes de contrebande vers la Guinée, où de nombreuses cargaisons d’or malien transitent en dehors des circuits officiels. Les interceptions dans cette zone restent rares, ce qui confère à l’opération du 17 mai une portée particulière.
Des sources douanières évoquent d’autres saisies récentes dans le cercle de Kéniéba et près de la frontière sénégalaise. Toutefois, la majorité de ces opérations n’est pas rendue publique, la Direction générale des Douanes privilégiant la discrétion pour des raisons opérationnelles. Elle plaide également pour un renforcement de la coopération transfrontalière afin de contenir ces flux illicites.
Faute de dispositifs robustes de traçabilité, une part importante de la production aurifère nationale échappe encore au contrôle de l’État. Cette faille structurelle, souvent dénoncée par les partenaires techniques et financiers du Mali, représente un défi majeur tant sur le plan fiscal que sécuritaire.
Si elle reste isolée, la saisie d’Ouelessebougou met en lumière la persistance du trafic illégal d’or et souligne les efforts fournis par les douaniers sur le terrain pour préserver les ressources du pays. Dans un contexte économique tendu, chaque gramme récupéré compte.
MD/te/Sf/APA