La Tanzanie a imposé une interdiction générale des importations agricoles en provenance d’Afrique du Sud et du Malawi, aggravant ainsi un conflit commercial régional qui menace de compromettre la zone de libre-échange de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
L’interdiction des importations de denrées d’Afrique du Sud et du Malawi, annoncée mercredi par le ministre tanzanien de l’Agriculture, Hussein Bashe, vise tous les produits agricoles des deux pays et fait suite à ce que la Tanzanie considère comme des restrictions commerciales injustes imposées par ses voisins de la SADC.
« Nous prenons cette mesure pour protéger nos intérêts commerciaux. C’est le monde des affaires ; en affaires, nous devons tous nous respecter mutuellement », a déclaré M. Bashe.
Cette décision fait suite à des années de tensions commerciales. L’Afrique du Sud interdit depuis longtemps les bananes tanzaniennes, tandis que le Malawi a bloqué les importations de farine, de riz, de gingembre, de bananes et de maïs tanzaniens.
Les dernières restrictions du Malawi, introduites en mars, ont été présentées comme une mesure temporaire visant à protéger les producteurs locaux de la concurrence étrangère.
Bashe a critiqué ces restrictions, les qualifiant d’« injustes et préjudiciables », ajoutant qu’elles avaient « directement affecté » les commerçants tanzaniens.
Il a défendu l’interdiction de représailles, assurant aux citoyens que la sécurité alimentaire ne serait pas compromise.
« Aucun Tanzanien ne mourra, faute de raisins ou de pommes sud-africains », a-t-il déclaré.
L’interdiction devrait perturber les flux commerciaux dans la région.
Les exportations de fruits sud-africains vers la Tanzanie – notamment les pommes et les raisins – seront affectées et le Malawi, pays enclavé, pourrait être contraint de réorienter ses exportations clés comme le tabac, le sucre et le soja.
Le pays dépend fortement du port tanzanien de Dar es Salaam pour accéder aux marchés mondiaux.
Les conséquences de cette interdiction constituent un défi majeur pour la zone de libre-échange de la SADC, créée en 2008 pour promouvoir l’intégration économique et éliminer les barrières commerciales entre les pays d’Afrique australe.
Ces trois pays sont membres de ce bloc de 16 pays, qui vante depuis longtemps le commerce régional comme une voie vers une prospérité partagée.
Les gouvernements de Pretoria et de Lilongwe n’ont pas encore réagi à la dernière initiative de la Tanzanie.
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