Assignée en justice par la société mère française GreenTech SA pour gestion présumée défaillante, l’entrepreneure franco-sénégalaise Hapsatou Sy contre-attaque en dénonçant l’exploitation de 80 jeunes employés impayés et les tentatives de détournement d’un terrain public.
Hapsatou Sy, présidente de GreenTech Sénégal SA, a publié ce mercredi un communiqué de presse pour dénoncer ce qu’elle qualifie de « campagne de diffamation » orchestrée par Jean-Yves Berthon, dirigeant du groupe français GreenTech.
Cette réaction intervient après l’assignation en justice de la filiale sénégalaise et de sa présidente par la maison-mère française devant le tribunal de commerce de Dakar, avec un renvoi d’audience fixé au 23 juin.
Dans son communiqué, Mme Sy place au centre de sa défense le sort de 80 jeunes Sénégalais qui, selon elle, « se battent pour obtenir réparation après avoir été recrutés, puis abandonnés sans rémunération » par la filiale sénégalaise. L’entrepreneure franco-sénégalaise affirme que ces employés ont « travaillé durant près de huit mois sans percevoir le moindre salaire, exploités dans leur propre pays par un groupe étranger. »
Elle se présente comme leur défenseure, déclarant avoir pris position « aux côtés de ces jeunes » pour défendre « leurs droits bafoués. »
Accusations croisées sur la gestion financière
Face aux accusations de GreenTech SA, qui réclame des comptes sur 1,72 million d’euros d’investissements et 353 000 euros supplémentaires versés, Hapsatou Sy contre-attaque. Elle accuse Jean-Yves Berthon d’avoir « lancé une vaste contre-offensive médiatique » et de multiplier « les campagnes de désinformation, jusqu’à nier l’existence des salariés qu’il a pourtant validés lui-même par écrit. »
Concernant l’absence de transmission des comptes comptables, elle explique que « le cabinet d’expertise comptable mandaté a, à plusieurs reprises, par écrit, demandé à Jean-Yves Berthon de régler les prestations avant la remise des documents comptables », une pratique qu’elle qualifie de « parfaitement légitime. »
Par ailleurs, la franco-sénégalaise nie catégoriquement avoir détourné les fonds du projet.
« Les accusations selon lesquelles elle aurait perçu plus de 330 000 euros du groupe GreenTech sont totalement fausses », affirme le communiqué. Elle précise que « les seules sommes perçues l’ont été dans le cadre de missions dûment contractualisées, justifiées et déclarées. »
L’entrepreneure assure qu’« aucune somme liée au terrain du projet – qui reste la propriété de l’État sénégalais – n’a jamais été encaissée » par elle, et que « les honoraires relatifs au projet ont été versés directement à l’architecte par le directeur financier de la filiale française. »
Plus grave, Hapsatou Sy accuse Jean-Yves Berthon d’avoir tenté de détourner l’objet social du projet et le terrain affecté par l’État sénégalais. Selon elle, son « objectif était de réaffecter ce terrain stratégique à l’une de ses autres activités commerciales, laissant sur le carreau les salariés non payés, tout en augmentant artificiellement la valeur des actifs de sa société française. »
Elle affirme avoir catégoriquement refusé ce détournement, fidèle aux engagements initiaux qui plaçaient la jeunesse sénégalaise au cœur du projet.
Appel aux autorités sénégalaises
Dans sa conclusion, Hapsatou Sy appelle « les autorités sénégalaises à faire preuve de la plus grande vigilance face à ces pratiques, et à protéger notre jeunesse des abus de certains investisseurs étrangers, dont les méthodes ne seraient jamais tolérées dans leur propre pays. »
Le communiqué révèle également que Jean-Yves Berthon fait l’objet de « poursuites judiciaires en France, intentées par un ancien partenaire, pour des faits similaires liés à ses tentatives d’expansion opportuniste sur d’autres marchés africains. »
L’affaire, qui oppose les deux parties depuis plusieurs mois, sera tranchée par le tribunal de commerce de Dakar le 23 juin prochain, avec en toile de fond le sort de 80 employés qui attendent toujours leurs salaires.
ARD/ac/Sf/APA