Dr Succès Masra entame une grève de la faim pour protester contre sa détention. Ses avocats dénoncent de graves violations de procédure et interpellent la communauté internationale.
L’ancien Premier ministre tchadien et opposant politique Dr Succès Masra a entamé une grève de la faim mercredi, après plus de quarante jours de détention. Ses avocats, réunis en collectif, ont dénoncé jeudi à N’Djaména une arrestation « injuste et illégale », assortie de graves violations des droits fondamentaux de leur client.
Dans une lettre intitulée « Lettre d’une prison du Tchad » et datée du 24 juin, Dr Succès Masra explique avoir pris cette décision par « solidarité avec le peuple tchadien », pour protester contre les injustices qu’il subit, et pour revendiquer la « libération des énergies d’un peuple prisonnier des inégalités ». Selon ses avocats, son état de santé est déjà fragile après plus d’un mois d’incarcération, ce qui rend cette grève particulièrement préoccupante.
Le Collectif des avocats de Dr Succès Masra alerte sur de multiples irrégularités dans la procédure judiciaire. Ils soulignent notamment l’absence de titre d’arrestation, une perquisition menée sans mandat et la confiscation d’appareils électroniques. Pire encore, la durée de garde à vue aurait été prolongée à 120 heures, alors que la loi fixe un maximum de 96 heures. Les avocats accusent également la police judiciaire d’avoir falsifié certains documents pour dissimuler ces violations.
Le 19 juin dernier, la chambre d’accusation a rejeté les requêtes introduites par la défense, confirmant selon le Collectif une forme d’« allégeance au pouvoir politique », dans un dossier que les autorités ont elles-mêmes qualifié de « politique d’envergure ». Ce rejet, jugé infondé, a été perçu comme un déni de justice supplémentaire dans une affaire hautement sensible sur le plan national.
S’appuyant sur plusieurs textes juridiques, les avocats dénoncent la violation de normes internationales et nationales interdisant les détentions arbitraires. Ils citent notamment l’article 9 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’article 6 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, ainsi que l’article 22 de la Constitution tchadienne. La Charte des Nations unies est également invoquée comme cadre de référence bafoué par les autorités.
Face à ce qu’ils qualifient de « détention arbitraire » et de « déni de justice », les avocats appellent à une réaction urgente de la communauté internationale. Ils interpellent les Nations unies, les organisations de défense des droits humains, ainsi que le président congolais Félix Tshisekedi, en tant que facilitateur de l’Accord de Kinshasa. Le gouvernement tchadien est tenu pour « responsable de toute atteinte à la vie ou à la santé » de Dr Succès Masra.
Le point de presse, signé par Me Francis Kadvuembaye au nom du Collectif, se termine par un appel solennel à la mobilisation en faveur de la libération immédiate du leader de l’opposition et au respect des principes fondamentaux de l’État de droit au Tchad.
CA/ac/Sf/APA