Le GCAP a dénoncé l’autoritarisme du gouvernement tchadien et son silence après le massacre de Beinamar, réclamant la libération de Succès Masra et des journalistes emprisonnés.
Lors d’une conférence de presse particulièrement véhémente, le Groupe de Concertation des Acteurs Politiques (GCAP) a chargé le gouvernement tchadien, l’accusant de faire preuve d’indifférence face aux récents massacres et de dériver vers un régime autoritaire. Le point d’orgue de cette dénonciation : l’arrestation controversée de l’ancien Premier Ministre et leader du parti Les Transformateurs, Succès Masra.
Le GCAP a reproché au gouvernement son absence de réaction appropriée après les tragiques événements du 14 mai dans la sous-préfecture de Beinamar ayant fait 42 morts. Aucune journée de deuil national n’a été décrétée et les festivités de Moussoro ont été maintenues, ce que le groupe interprète comme le signe d’un agenda politique caché. « Le gouvernement n’a pas cherché à préserver des vies, il poursuivait d’autres objectifs », a fustigé le porte-parole du GCAP, Dr Avocksouma Djona, exprimant l’indignation de nombreux Tchadiens face à ce qu’il qualifie de mépris délibéré.
L’interpellation de Succès Masra a été décrite comme un « enlèvement politique », menée selon le GCAP de manière brutale et injuste. Le groupe a rappelé le précédent tragique de l’opposant Yaya Dillo, assassiné en plein jour à N’Djaména, et la détention prolongée de Robert Gam, Secrétaire général du parti du défunt. Le porte-parole du GCAP s’est interrogé : « N’est-ce pas ainsi que le patriote Yaya Dillo avait été neutralisé avant d’être exécuté sous les yeux de la nation et de la communauté internationale ? », établissant ainsi un parallèle inquiétant.
Le GCAP a aussi mis en cause l’impartialité du Procureur de la République, qu’il accuse de brandir des « preuves supposées » et de bafouer la présomption d’innocence dans l’affaire concernant le leader des Transformateurs. Le groupe s’interroge sur le moment choisi pour révéler ces éléments, après le massacre de Beinamar, suspectant des motivations purement politiques.
« Pourquoi tolérer des conditions qui pourraient plonger le pays dans une guerre civile ? » a lancé le porte-parole, pointant également du doigt les tensions intercommunautaires nourries, selon le GCAP, par une politique d’exclusion et la cupidité des dirigeants actuels. Le groupe remet en cause la compatibilité entre les fonctions politiques, administratives et les intérêts commerciaux privés, qu’il accuse d’attiser les divisions et de menacer durablement l’unité nationale.
Face à cette situation, le GCAP réclame la libération immédiate de Succès Masra, de Robert Gam ainsi que des journalistes emprisonnés, dénonçant la manière arbitraire dont le régime prive les citoyens de leur liberté. « Rendez-leur leur liberté », a-t-il martelé Dr Avocksouma Djona.
CA/ac/Sf/APA