Les experts en charge des frontières de la Côte d’Ivoire et du Mali envisagent, dans les semaines à venir, de se retrouver pour « finaliser ce tracé définitif » et adopter un projet de traité qui devrait marquer la délimitation officielle de la frontière entre les deux pays.
« Nous avons avec le Mali entrepris le tracé théorique de nos frontières », a indiqué ce jeudi 26 juin 2025 à Pogo (Nord ivoirien), un village situé à 5 Km de la frontière du Mali, le secrétaire exécutif de la Commission nationale des frontières de Côte d’Ivoire (CNF-CI), M. Diakalidia Konaté.
M. Diakalidia Konaté s’exprimait à l’occasion de la Journée africaine des frontières (JAF 2025), dont le lancement officiel a eu lieu, lundi, à Gbapleu, un village de la sous-préfecture de Kouhan-Houlé, dans le département de Danané (ouest ivoirien).
« Théoriquement sur papier, nous connaissons les limites entre la Côte d’Ivoire et le Mali, parce que nos techniciens se sont réunis à Bamako et ont fait une mission de reconnaissance terrain pour recueillir des données de terrain », a-t-il renseigné.
« Dans les semaines à venir, nous avons une grande réunion avec la partie malienne pour pouvoir finaliser ce tracé définitif et également adopter le projet de traité qui va marquer la délimitation officielle de la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Burkina », a-t-il dit.
Le secrétaire exécutif de la Commission nationale des frontières de Côte d’Ivoire a fait savoir que sa structure a, « depuis 2025 entamé avec le Burkina un processus de délimitation et de démarcation (de la frontière) terrestre et nous sommes très avancés ».
« Avec, le Burkina, nous sommes actuellement à l’étape de la validation partielle de la ligne frontière entre nos deux pays. Nous avons grand espoir que les activités vont reprendre très bientôt pour aller au bout du processus de matérialisation de notre frontière commune », a-t-il ajouté.
La sous-région ouest-africaine est traversée par une crise sécuritaire profonde du fait des activités des groupes terroristes qui sévissent dans le Sahel. Dans ce contexte, M. Konaté a lancé que le rôle des populations vivant aux frontières est « extrêmement important. »
Il les a invitées à jouer un rôle « dans la préservation de la paix en étant vigilantes, en excluant tout discours, toutes actions qui tendent à diviser, à créer les troubles, à menacer la paix et la sécurité » dans l’espace frontalier.
« La paix est notre trésor à tous et nous devons travailler ensemble à la préserver et à ne pas la perdre. Car, sans la paix, il ne peut pas avoir de projet de développement et donc de bien-être pour nous tous », a-t-il déclaré.
« C’est vrai, dans nos zones frontalières, il y a beaucoup de conflits liés à la terre, dus à la non matérialisation de nos frontières, des conflits entre éleveurs et cultivateurs, des conflits liés à la gestion de nos ressources partagées, notamment l’eau et les forêts. Malgré tout, nous devons tous travailler à mettre fin à ces situations qui mettent à mal le vivre-ensemble, la paix et la sécurité dans ces zones », a-t-il souligné.
« C’est pourquoi, la Côte d’Ivoire et le Burkina d’une part, et la Côte d’Ivoire et le Mali d’autre part, ont mis en place des Commissions techniques mixtes de matérialisation de leurs frontières », a-t-il poursuivi.
Au cours de cette journée de retrouvailles africaines et transfrontalières, les communautés du Burkina Faso, du Mali et de la Côte d’Ivoire ont célébré la cohésion sociale à travers des défilés des délégations, la prestation des groupes de danse, des rencontres sportives et le partage d’un repas collectif.
Pour soutenir le développement socio-économique, la CNF-CI a offert une pompe hydraulique villageoise qui devrait être bientôt inaugurée et remis un lot d’équipements informatiques à la sous-préfecture de Toumoukoro, abritant le village de Pogo.
Pogo, le plus grand espace frontalier du pays comprenant 10 400 âmes, fait face à deux pays, le Burkina et le Mali. Djamatigui Touré, le préfet de Ouangolodougou (Nord), représentant le préfet de région, a salué la JAF qui permet de prévenir les tensions entre les populations des zones frontalières.
AP/Sf/APA