Des experts africains et internationaux se sont réunis à Washington en marge des Réunions de printemps 2025 du FMI et de la Banque mondiale pour faire avancer la réflexion sur un écosystème de notation de crédit porté par l’Afrique, plus équitable, transparent et adapté aux réalités du continent.
Avec plus de 30 pays africains soumis à des notations souveraines, les décisions des agences de notation internationales pèsent lourd sur la viabilité de leur dette et leur accès aux marchés financiers mondiaux. Ce dialogue de haut niveau, coorganisé par le MAEP, le PNUD, la CEA, AfriCatalyst et l’ACET, et accueilli par les Fondations Open Society, a permis de poser les bases d’une réforme ambitieuse.
Une réforme structurelle indispensable
Les discussions ont mis en lumière plusieurs freins au système actuel : manque de transparence méthodologique, lacunes en matière de données et interactions limitées entre les agences (Moody’s, S&P, Fitch) et les gouvernements africains. Dans un contexte de volatilité accrue et de pressions budgétaires, la nécessité d’un mécanisme de notation plus juste est devenue évidente.
« L’Afrique génère un PIB de plus de 3 000 milliards de dollars, mais seuls deux pays sont notés en catégorie investissement. C’est un paradoxe », a souligné Claver Gatete, Secrétaire exécutif de la CEA. Il a appelé à faire de la notation de crédit un levier de mobilisation de capitaux et de soutien au développement.
Une vision africaine de la solvabilité
Pour le Dr Raymond Gilpin du PNUD, une approche centrée sur le développement est essentielle. Elle permettrait de renforcer les institutions, d’améliorer les données et d’ouvrir un dialogue plus constructif avec les agences de notation.
Le Dr Misheck Mutize (MAEP) et la Dr Zuzana Schwidrowski (CEA) ont présenté les contours d’une Agence africaine de notation de crédit (AfCRA), pensée comme un complément aux agences internationales. Elle offrirait des analyses mieux contextualisées, tout en renforçant la capacité des gouvernements à répondre aux évaluations jugées injustes.
Dialogue avec les agences internationales
Des représentants de Moody’s, S&P et Bank of America ont également pris part aux échanges, proposant des pistes pour améliorer la perception du risque africain, mieux accompagner les États et renforcer la compréhension des méthodologies de notation.
Tous ont reconnu que, même si les notations ne sont pas les seuls indicateurs observés par les investisseurs, elles influencent fortement les conditions d’emprunt et la confiance des marchés.
Construire une alternative crédible
Mme Mavis Owusu-Gyamfi (ACET) a rappelé que cette initiative vise à faire en sorte que les notations reflètent mieux la diversité et la réalité économique du continent. Le Dr Mutize a précisé que l’objectif n’est pas d’attribuer des notes avantageuses, mais de garantir une évaluation plus équilibrée et représentative.
En conclusion, le Dr Daouda Sembene, PDG d’AfriCatalyst, a salué cette dynamique collective. « En renforçant la coopération entre institutions africaines et agences de notation, nous pouvons bâtir un système plus robuste et fidèle aux réalités africaines, au service d’une croissance durable », a-t-il déclaré.
TE/APA