Le décès de l’ancien président zambien Edgar Lungu, survenu le 5 juin, plonge le pays dans une impasse politico-sécuritaire inédite. Plus de trois semaines après sa mort, l’absence de consensus entre la famille et le gouvernement sur l’organisation des funérailles nationales ravive les tensions à l’approche des élections générales de 2026.
La famille de Lungu rejette l’idée d’obsèques d’État, accusant les autorités de manquer de respect à l’ancien chef de l’État et de vouloir instrumentaliser l’événement. Elle avait même envisagé une inhumation en Afrique du Sud, avant qu’un tribunal n’interdise cette option, appelant à une conciliation.
Dans un climat politique déjà tendu, des analystes avertissent que le moindre faux pas pourrait provoquer des troubles.
« La présence du président Hakainde Hichilema aux funérailles pourrait être perçue comme une provocation par les partisans de Lungu », estime Donald Porusingazi, analyste politique. Il appelle à une gestion prudente et désamorçante de la situation.
Lungu, président de 2015 à 2021, reste une figure centrale du Front patriotique (PF), aujourd’hui dans l’opposition. Certains cadres du PF dénoncent une tentative du pouvoir d’humilier leur ancien leader, accusant le gouvernement du Parti uni pour le développement national (UPND) de politiser un événement censé rester solennel.
Cette controverse pourrait devenir un levier pour le PF, qui chercherait à mobiliser sa base en accusant Hichilema de divisier le pays. Ce dernier brigue un second et dernier mandat en 2026.
Au-delà de l’enjeu politique, des craintes de débordements ou de violences lors des rassemblements funéraires émergent, notamment si les cérémonies sont perçues comme excluantes. Des organisations de la société civile appellent à la retenue et à un compromis entre les deux camps.
La manière dont la Zambie gérera cette épreuve pourrait peser lourdement sur la stabilité du pays et façonner le climat politique des mois à venir.
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