Des experts réunis début décembre au Maroc, dans le cadre de l’Africa Investment Forum, ont mis en lumière les défis de l’urbanisation rapide sur le continent africain.
La population urbaine africaine devrait tripler d’ici 2050, nécessitant jusqu’à 5,5 % du produit intérieur brut (PIB) des pays du continent pour un développement urbain maîtrisé, ont indiqué des experts réunis lors de l’Africa Investment Forum, organisé du 4 au 6 décembre à Rabat, au Maroc, appelant à des investissements accrus pour éviter la prolifération des bidonvilles
Selon un communiqué reçu à APA, la table ronde intitulée « Mobilisation des financements pour le développement et la planification en milieu urbain » a mis en lumière les défis de l’urbanisation rapide. Hastings Chikoko, directeur principal des villes à Big Win Philanthropy, a souligné l’absence de planification, principale cause du développement des bidonvilles. Eric Gumbo, directeur associé de G & A Advocates LLP, a pour sa part relevé que les pays africains, confrontés à un ratio dette/PIB moyen de 65 %, peinent à financer leurs infrastructures urbaines.
Abimbola Akinajo, directrice générale de Lamata au Nigéria, a insisté sur la nécessité d’attirer des investissements privés et institutionnels pour combler le manque criant de financement. Les experts recommandent également une meilleure gouvernance urbaine, une planification rigoureuse et des mécanismes modernes de collecte de revenus pour renforcer la capacité des villes à concevoir des projets bancables.
Ednick Muswell, de la métropole d’eThekwini en Afrique du Sud, a présenté un exemple de bonne gestion budgétaire, citant la confiance des investisseurs et l’absence de dette envers l’entreprise publique d’électricité ESKOM. Toutefois, Hastings Chikoko a dénoncé une perception exagérée des risques liés aux investissements en Afrique, rendant le coût de l’emprunt prohibitif pour de nombreuses municipalités.
Pour Mohan Vivekanandan, de la Banque de développement de l’Afrique australe, des plans urbains solides sont essentiels pour attirer les investisseurs privés. Abdouraman Diallo, du Fonds de solidarité africain, a également plaidé pour un accompagnement accru des institutions financières afin de répondre aux besoins des villes en infrastructures.
Nezha Hayat, présidente de l’Autorité marocaine du marché des capitaux, a rappelé les initiatives innovantes telles que les obligations vertes et municipales pour financer des projets urbains. Thierno Habib-Hann, PDG de ShafDB, a mis en avant le potentiel économique du marché de l’habitat, estimé entre 700 et 800 milliards de dollars, et appelé à l’utilisation de technologies pour réduire les coûts de construction.
Vice-président de la Banque africaine de développement, Solomon Quaynor a conclu en annonçant que six projets représentant plus de quatre milliards de dollars avaient suscité l’intérêt des investisseurs lors des Boardrooms de l’Africa Investment Forum.
ODL/te/Sf/APA