La Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA, régulateur) exhorte les médias, dans le secteur audiovisuel, à signaler l’usage de l’Intelligence artificielle (IA) dans leurs productions, dans un élan d’éthique et de responsabilité.
Une chaîne de télévision locale ivoirienne ayant fait usage de l’IA, dans une interview, avec feu Félix Houphouët-Boigny, sans signaler cela, a reçu un « avertissement », a indiqué jeudi à Yamoussoukro, M. Daouda Traoré, directeur des programmes, de la documentation et de l’information à la HACA.
M. Daouda Traoré s’exprimait à l’occasion d’un atelier organisé, du 11 au 13 juin 2025, par l’UNICEF Côte d’Ivoire, à l’attention d’une vingtaine de journalistes, sur la protection des droits de l’enfant dans le traitement de l’information.
Selon M. Daouda Traoré, cette chaîne de télévision « pose des questions et Houphouët-Boigny répond, mais l’image de M. Houphouët était fixe ». Alors, l’ex-président défunt, impliqué dans une interview sur des questions d’actualité, le montage effectué avec l’IA devrait être clarifié.
Les médias ayant pour vocation d’informer et d’instruire les masses, la HACA, dira-t-il, « a adressé un avertissement à cette chaîne de télé, parce qu’elle aurait dû signaler +interview réalisée avec l’Intelligence artificielle+ ».
« Il (le reporter) a fait dire des choses au président Houphouët-Boigny qui étaient en contradiction avec l’actualité », a-t-il déploré. Pour lui, les médias, avec l’avènement de l’IA, doivent signaler toute modification d’image ou de son, en donner l’enjeu, pour éviter la confusion.
« En matière de publicité également, quand vous réalisez un spot avec l’IA, il faut mentionner +réalisé avec l’IA+. C’est en cela que la HACA a fait un communiqué pour dire aux médias audiovisuels que lorsqu’ils utilisent l’IA, il faut qu’ils mentionnent images réalisées avec l’IA », a-t-il ajouté.
« Cela vous couvre et évite la désinformation », a soutenu M. Daouda Traoré, faisant observer qu’ « aujourd’hui, avec l’IA, il y a trop de risques et cette technologie évolue de jour en jour ; et .même en matière de radio on peut utiliser l’IA (pour simuler des voix). »
« En tant que journaliste, si vous corrigez quelque chose avec l’Intelligence artificielle, il faut le signaler, l’honnêteté intellectuelle l’exige », a-t-il insisté, tout en rappelant que l’IA, aujourd’hui, aide à faire les productions audio-visuelles.
« Ne soyez pas otages de l’audience », a-t-il déclaré, invitant les médias à produire des contenus en tenant compte de l’éthique, de la morale et de la déontologie, surtout que les enfants sont influencés par ce qu’ils voient et entendent.
Il a fait savoir que les enfants ne doivent pas être des prescripteurs dans une publicité, généralement relayée par les médias. En outre, pour toute intervention d’un enfant dans une production média, il est exigé l’accord du parent ou du tuteur légal.
A l’ouverture des travaux sur cet atelier qui a duré trois jours, du 11 au 13 juin 2025, le représentant résident de l’Unicef, M. Jean François Basse a souhaité « un environnement médiatique plus éthique, plus protecteur, plus inspirant pour les enfants et les jeunes » en Côte d’Ivoire.
Il s’est félicité de la Charte d’éthique UNICEF-Médias audiovisuels signée, en avril 2025, avec la HACA, en vue de la protection des droits de l’enfant en Côte d’Ivoire. Cette Charte vise à promouvoir une information responsable et respectueuse des droits de l’enfant.
Le président de la HACA, Me René Bourgoin, a fait savoir que selon une étude, les enfants accèdent à leurs premiers écrans avant l’âge de 4 ans. Il a souligné que « cette Charte constitue un engagement collectif » en faveur de la protection des droits de l’enfant.
L’atelier a enregistré la présence du préfet de région, et préfet du Département de Yamoussoukro, M. Gando Coulibaly. Il a appelé les médias à « prendre en compte, dans leurs différents organes de presse, les droits des enfants dans toutes ses dimensions. »
AP/Sf/APA