Plusieurs zones du sud de la capitale soudanaise Khartoum sont menacées de famine, a alerté mardi le Programme alimentaire mondial (PAM), dénonçant un déficit de financement critique qui entrave l’aide humanitaire dans un pays ravagé par deux années de conflit.
Le PAM a annoncé avoir atteint un million de personnes dans sept localités de Khartoum après avoir retrouvé l’accès à la capitale. Selon Laurent Bukera, représentant du PAM au Soudan, « le niveau de faim, de dénuement et de désespoir constaté est grave et confirme le risque de famine dans ces régions. »
Cette situation découle du conflit opposant l’armée soudanaise aux Forces de soutien rapide (FSR), qui a déplacé des millions de personnes et divisé le pays en zones de contrôle rivales. Fin mars, l’armée a repris le contrôle de Khartoum aux FSR, qui bloquaient l’accès de l’aide humanitaire depuis deux ans.
Le responsable du PAM a dressé un tableau sombre de la situation dans la capitale. « Nous avons assisté à des destructions massives, à un accès limité à l’eau, aux soins de santé et à l’électricité, ainsi qu’à une épidémie de choléra. Dans certaines parties de la ville, la vie reprend, mais de nombreux quartiers restent abandonnés, comme une ville fantôme », relate-t-il.
Les communautés hôtes, qui ont accueilli les déplacés en première ligne, atteignent désormais un point de rupture alors que des retours sont attendus dans la capitale. La saison des pluies, qui débute actuellement, aggrave encore cette situation déjà critique.
Attaques contre l’aide humanitaire
Les défis sécuritaires compliquent l’acheminement de l’aide. La semaine dernière, un convoi du PAM et de l’Unicef a été attaqué près d’El Koma, dans la région du Darfour, faisant cinq morts et de nombreux blessés.
« Les attaques aveugles et inacceptables contre le personnel et les opérations humanitaires se multiplient », a déploré Laurent Bukera.
Malgré les difficultés, le PAM dit assister actuellement 4 millions de personnes par mois au Soudan, soit quatre fois plus qu’en début d’année 2024. L’objectif est d’atteindre 7 millions de bénéficiaires mensuels, en priorisant les zones menacées par la famine comme le Darfour, le Kordofan, Al Jazira et Khartoum.
Cependant, le manque de financement force l’agence à réduire son aide. Les rations d’huile et de légumineuses ont été supprimées dans plusieurs États, et les rations dans les zones à risque de famine ont été réduites à 70 % du standard du PAM. Les suppléments nutritionnels pour enfants, femmes enceintes et allaitantes sont désormais hors de portée.
Face à un déficit de 500 millions de dollars pour les six prochains mois, le PAM tire la sonnette d’alarme.
« La communauté internationale doit agir maintenant, en augmentant le financement pour arrêter la famine dans les zones les plus touchées », a insisté Laurent Bukera, avertissant que de nouvelles réductions de l’aide seront inévitables sans financements supplémentaires.
ARD/te/Sf/APA