Face aux critiques formulées par le gouvernement sur la présence d’avocats étrangers dans la défense de Succès Masra, le Conseil de l’Ordre des avocats du Tchad monte au créneau. Dans un communiqué publié le 23 mai 2025, il rappelle les principes fondamentaux de la profession et le droit pour tout justiciable de choisir librement sa défense, dénonçant toute atteinte à l’indépendance de la justice et de la défense.
Au lendemain des déclarations du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, dénonçant la venue d’un collectif d’avocats étrangers pour intervenir dans l’affaire Succès Masra, le Conseil de l’Ordre des avocats du Tchad a réagi ce 23 mai 2025 par un communiqué empreint de gravité et de principes.
Dans ce document transmis à APA, le Barreau du Tchad exprime sa vive préoccupation face à la tonalité du communiqué gouvernemental du 22 mai. Il rappelle que l’avocat exerce une profession libérale et indépendante, protégée par les lois nationales et les instruments juridiques internationaux auxquels le Tchad a librement souscrit.
Insistant sur le droit inaliénable à la défense, le Conseil de l’Ordre affirme que tout justiciable a la liberté de choisir son avocat, national ou étranger, dès lors que ce dernier respecte les règles en vigueur. Il souligne que cette faculté est encadrée par les textes nationaux, notamment le Code de procédure pénale et le Règlement intérieur du Barreau, ainsi que par les conventions internationales telles que l’Accord judiciaire signé entre la France et le Tchad en 1976.
Le Barreau tient à préciser que la présence d’avocats étrangers dans une procédure judiciaire au Tchad ne constitue en rien une atteinte à la souveraineté nationale, dès lors qu’elle s’exerce dans le respect des règles professionnelles du pays hôte. En ce sens, seule la justice tchadienne, à travers ses juges, est compétente pour trancher les affaires en toute indépendance.
Le Conseil de l’Ordre insiste également sur la nécessité de garantir les conditions d’un procès équitable à toutes les parties, qu’il s’agisse de la défense ou de la partie civile. Il alerte contre toute tentative de pression ou de mise en cause de l’exercice libre et autonome de la profession d’avocat.
Concluant son communiqué, le Bâtonnier Me Djerandi Laguerre Dionrold réaffirme que l’État de droit implique la soumission de tous, y compris des autorités publiques, aux normes juridiques nationales et internationales. Il appelle à une vigilance constante face à toute tentative de remise en cause de ces principes fondamentaux.
Le 22 mai 2025, le gouvernement tchadien a rejeté l’implication d’un collectif d’avocats étrangers, dont les Français William Bourdon et Vincent Brengarth, venus assister la défense de l’opposant Succès Masra, inculpé et placé en détention provisoire pour son rôle présumé dans les violences de Mandakao ayant fait 42 morts. Le gouvernement, dénonçant une tentative d’ingérence, affirme que la procédure relève de la justice nationale. Les avocats de Masra évoquent un complot politique et annoncent avoir saisi plusieurs instances internationales pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une détention arbitraire.
CA/ac/Sf/APA