Les humanitaires ont constaté une augmentation de 150 % des violations graves à l’encontre des déplacés en RDC, dont près de 370 000 personnes qui ont dû fuir leurs foyers depuis début février. Alors que le conflit s’est intensifié, l’accès humanitaire entravée et les souffrances des enfants immenses, les appels à la paix se multiplient.
Depuis début février, les violences dans les territoires d’Uvira et de Fizi, dans le Sud-Kivu, ont contraint près de 370 000 personnes à fuir leurs foyers, selon les agences humanitaires. À cela s’ajoute l’exode de plus de 20 000 personnes dans le territoire de Walungu depuis le 3 mars. Ces déplacés se retrouvent dans une situation de grande vulnérabilité, avec des besoins urgents en nourriture, eau, abris et autres biens essentiels, a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, lors d’un point de presse à New York.
De plus, des violations graves du droit international ont été rapportées, dont près de 400 cas de violences sexuelles à Uvira entre le 9 et le 25 février, selon les informations des partenaires locaux. Des organisations humanitaires ont également été attaquées dans cette région.
Depuis le début de l’année, les rebelles du M23 poursuivent leur offensive, avec le soutien présumé de l’armée rwandaise, prenant progressivement le contrôle de plusieurs territoires du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Conditions de vie précaires et accès limité aux ressources essentielles
L’Unicef a alerté que les centaines de milliers de déplacés au Sud-Kivu vivent dans des conditions extrêmement précaires. Nombreux sont ceux qui se réfugient dans des écoles, des églises ou à même le sol, avec un accès très limité à l’eau potable, à des soins de santé, à l’assainissement et à l’éducation.
La violence persistante a particulièrement affecté les enfants, avec une augmentation de 150 % des violations graves à leur égard depuis janvier 2025. Ces violations incluent des violences sexuelles, des meurtres, des mutilations et le recrutement d’enfants par des groupes armés. Jean-François Basse, Représentant par intérim de l’Unicef en RDC, a constaté la situation dramatique lors de sa visite à Bukavu début mars, en rencontrant des enfants non accompagnés qui ont tout perdu.
« Les souffrances des enfants sont immenses, et chaque jour sans une réponse humanitaire renforcée aggrave leur détresse », a averti M. Basse.
Accès humanitaire entravé et pénuries sanitaires
Les opérations humanitaires sont sévèrement entravées par les combats. La fermeture de l’aéroport de Kavumu, point d’entrée crucial à Bukavu, ainsi que la fermeture des banques, ont perturbé la distribution des aides essentielles et retardé les paiements. Le secteur de la santé est en crise, avec des hôpitaux saturés et des pénuries de médicaments et de matériel. Plus de quinze établissements de santé ont été partiellement détruits. Par ailleurs, des épidémies de choléra, de rougeole et de mpox se propagent rapidement. Depuis janvier 2025, 377 cas de choléra ont été enregistrés, dont une forte augmentation des nouvelles infections fin février, principalement dans les sites de déplacés et les zones de santé de Minova et Uvira.
Le secteur de l’éducation est également gravement affecté, avec plus de 1 000 écoles fermées, perturbant la scolarité de plus de 300 000 élèves. À Bukavu, 19 écoles ont été transformées en abris pour les déplacés, soulignant l’urgence de trouver des solutions adaptées aux besoins humanitaires et éducatifs.
Réponses humanitaires et soutien aux enfants
Face à cette situation, l’Unicef et ses partenaires intensifient leur réponse pour soutenir les enfants et leurs familles. Des « points d’écoute » ont été ouverts pour fournir un soutien psychosocial et orienter les familles et les enfants vers les services nécessaires. Des efforts sont également en cours pour retrouver les enfants non accompagnés et les réunir avec leurs familles.
Des initiatives ont été mises en place pour améliorer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, avec trois stations d’épuration fournissant 180 000 litres d’eau potable par jour. Parallèlement, des équipes mobiles de l’Unicef interviennent dans les zones touchées par le choléra, en réalisant des désinfections et en sensibilisant les populations aux risques sanitaires.
Aide internationale et appels à la paix
Le Fonds central d’intervention d’urgence de l’ONU (CERF) a alloué 750 000 dollars pour aider à stopper la propagation du choléra dans le Nord-Kivu. Cette somme permettra de soutenir l’Unicef, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et leurs partenaires dans la fourniture de services d’eau, d’assainissement, d’hygiène et de soins de santé.
L’Unicef et ses partenaires travaillent également à la réouverture des écoles, au déminage et à la réhabilitation rapide des infrastructures endommagées.
« Nous appelons toutes les parties au conflit à mettre fin immédiatement aux hostilités, à protéger les enfants et à respecter le droit international humanitaire. Il est impératif de garantir un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave », a conclu M. Basse.
TE/Sf/APA