Le Mali investit 47,4 milliards FCFA pour étendre l’irrigation à Sélingué et dans le bassin du Bani, afin de renforcer sa sécurité alimentaire et soutenir les économies rurales.
Le Premier ministre malien, Abdoulaye Maïga a lancé jeudi 19 juin 2025 la deuxième phase du Programme de Développement de l’Irrigation dans le bassin du Bani et à Sélingué, un chantier agricole majeur qui mobilise 47,4 milliards de francs CFA (83 millions de dollars américains). Ce programme, porté par le gouvernement malien avec l’appui de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), ambitionne de renforcer la sécurité alimentaire nationale tout en structurant durablement les économies rurales de Djenné, du Moyen-Bani et de Sélingué.
Sur ce montant, la BOAD finance 30 milliards de FCFA, tandis que la contrepartie nationale s’élève à 900 millions. La première phase du programme avait permis l’aménagement de 36 500 hectares, la mise en service de barrages structurants à Kourouba et Djenné, et le développement de nouveaux systèmes de production agricoles et halieutiques. Ces efforts ont débouché sur une production additionnelle annuelle estimée à 61 085 tonnes de riz paddy, 7 657 tonnes de légumes, 1 975 tonnes de poisson et 701 140 litres de lait. Elle a aussi permis la création de 3 668 emplois directs, principalement dans les zones rurales.
La nouvelle phase prévoit d’aménager 10 240 hectares supplémentaires, de construire 135 kilomètres de pistes agricoles et de mettre en œuvre un ensemble d’activités génératrices de revenus au bénéfice des femmes et des jeunes. Le Premier ministre a déclaré que ce programme contribuera à combler le déficit céréalier et à positionner le Mali et l’espace AES comme pôle agricole exportateur dans la sous-région. Il s’inscrit dans le cadre du plan stratégique « Mali Kura Ɲɛtaasira Ka Bɛn San 2063 Ma », qui fait de l’agriculture un levier central de développement durable.
Le chef du gouvernement a exprimé la gratitude du Mali envers la BOAD, tout en appelant les autres partenaires techniques et financiers à compléter le financement nécessaire pour atteindre les objectifs fixés. Le programme, dont les retombées attendues sont multiples, s’inscrit dans une politique plus large de résilience face aux chocs climatiques et de valorisation du potentiel hydro-agricole malien. En parallèle, les autorités entendent renforcer la formation des producteurs, promouvoir l’agro-transformation locale et améliorer la commercialisation des excédents agricoles.
Selon les données de la FAO, plus de 2 millions d’hectares de terres irrigables restent inexploités au Mali, alors que les besoins céréaliers du pays atteignent en moyenne 5,2 millions de tonnes par an. Le gouvernement ambitionne de couvrir cette demande d’ici 2030 grâce à une combinaison d’initiatives comme le PDI-BS-II, le Plan national d’irrigation et le Programme systématique d’intensification rizicole. En 2024, le déficit céréalier net était estimé à 450 000 tonnes, accentué par les effets cumulés de l’insécurité, des inondations et du sous-équipement rural. Le lancement de cette deuxième phase marque donc une avancée significative dans la quête d’autosuffisance alimentaire et de stabilité économique pour des millions de Maliens.
MD/ac/Sf/APA