La décision du ministre de l’Intérieur d’exempter les diplomates ukrainiens de visa divise la classe politique sud-africaine, notamment le parti au pouvoir et ses alliés.
Un accord controversé visant à accorder un accès sans visa aux diplomates ukrainiens a déclenché un débat houleux entre les partis politiques sud-africains, mettant en évidence les profondes divisions dans l’approche de la politique étrangère du pays.
L’annonce, faite par le ministre de l’intérieur Leon Schreiber de l’Alliance démocratique (DA), a décrit l’Ukraine comme un « allié précieux » et a déclaré que l’accord permettrait aux détenteurs ukrainiens de passeports diplomatiques, officiels et de service d’entrer en Afrique du Sud sans visa.
Dimanche, M. Schreiber s’est rendu sur le site de microblogging WeChat pour défendre l’accord, citant le soutien de l’Ukraine à l’Afrique du Sud pendant la lutte contre l’apartheid.
« J’ai signé un accord historique accordant aux diplomates ukrainiens un accès sans visa à notre pays », a-t-il déclaré.
Cependant, la présidence a rapidement critiqué M. Schreiber pour avoir fait cette annonce sans l’autorisation officielle du président Cyril Ramaphosa.
Le porte-parole de la présidence, Vincent Magwenya, s’est demandé comment le ministre avait pu annoncer un accord international sans autorisation préalable.
Les détracteurs de cet accord estiment qu’il met à mal les relations historiquement étroites qu’entretient l’Afrique du Sud avec la Russie, notamment en raison du conflit en cours en Ukraine depuis plus de trois ans.
Alors que l’Afrique du Sud a maintenu une position neutre sur le conflit, le Congrès national africain (ANC), qui gouverne le pays depuis la fin de l’apartheid, a exprimé son soutien fort à son partenaire des BRICS, la Russie.
Cette position l’a mis en porte-à-faux avec l’Alliance démocratique (DA), le plus grand partenaire de coalition de l’ANC.
Les tensions sont montées d’un cran lorsque M. Ramaphosa a qualifié la Russie d’« ami précieux » lors du sommet des BRICS qui s’est tenu la semaine dernière à Kazan. Ce commentaire a suscité de vives critiques de la part de la DA, qui a condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Le ministre des Relations internationales, Ronald Lamola, a rencontré son homologue ukrainien, Andrii Sybiha, lundi, et a indiqué par la suite que l’accord n’avait pas encore été finalisé.
Les partis d’opposition, Economic Freedom Fighters et Umkhonto weSizwe, dirigées par l’ancien président sud-africain Jacob Zuma, qui ne font pas partie de la coalition gouvernementale, ont condamné l’accord, le qualifiant de « trahison » de la solidarité de l’Afrique du Sud à l’égard de la Russie.
JN/lb/ac/Sf/APA