Le projet de loi introduit au Sénat américain propose un retrait des États-Unis de l’ONU. Bien que non encore effectif, ce retrait pourrait avoir des conséquences majeures sur l’équilibre mondial, les finances de l’ONU et la diplomatie internationale.
Le débat sur l’avenir des relations entre les États-Unis et l’Organisation des Nations Unies (ONU) a pris une nouvelle dimension avec l’introduction au Sénat américain du projet de loi « Disengaging Entirely from the United Nations Debacle » (DEFUND Act). Ce texte, porté par le sénateur Mike Lee, propose un retrait complet des États-Unis de l’organisation mondiale.
Selon l’analyse de Cheikh Niang, diplomate sénégalais, ancien Ambassadeur aux États-Unis et ancien Représentant permanent auprès des Nations Unies, les partisans de cette initiative législative dénoncent ce qu’ils considèrent comme un fardeau financier disproportionné – les États-Unis contribuant à hauteur de 22% du budget ordinaire et 25% du budget des opérations de maintien de la paix – ainsi qu’une remise en cause de la souveraineté américaine.
D’après l’analyse de Cheikh Niang transmise à APA, les partisans du texte estiment que « l’organisation mondiale a dévié de sa mission première de promotion de la paix et de la sécurité, devenant plutôt une tribune pour l’antiaméricanisme et un forum où des régimes non démocratiques exercent une influence excessive. » Ils critiquent également le système de gouvernance onusien, où « certains États, petits et/ou autoritaires, disposent du même pouvoir de vote que de grandes démocraties. »

Dans son analyse détaillée, Cheikh Niang souligne les conséquences potentiellement déstabilisatrices d’un tel retrait. « Un retrait des États-Unis provoquerait une crise financière immédiate à l’ONU. Cette dernière ferait face à un déficit de financement affectant les missions de paix, l’aide humanitaire et les programmes de développement, impactant particulièrement les populations vulnérables dans les zones de conflit et les pays en développement », alerte l’ancien ambassadeur du Sénégal à Washington.
En l’absence de leadership américain, d’autres puissances, notamment la Chine et la Russie, pourraient rapidement combler le vide diplomatique, modifiant profondément l’équilibre des pouvoirs au sein de l’organisation internationale.
Des questions pratiques se poseraient également, comme l’avenir du siège de l’ONU, actuellement situé à New York.
Dans sa conclusion, Cheikh Niang affirme que « les chancelleries, notamment dans le Sud global et plus spécifiquement en Afrique, se trouvent face à l’impérieuse nécessité de réfléchir à divers scénarios pour anticiper la reconfiguration de l’ordre mondial. »
Le diplomate cite également Boutros Boutros-Ghali qui disait : « La diplomatie ne consiste pas seulement à parler, mais à écouter, à comprendre et à s’adapter. »
Le projet de loi doit encore franchir plusieurs étapes législatives avant une éventuelle adoption, mais son introduction marque une escalade dans les critiques américaines envers le système multilatéral mis en place après la Seconde guerre mondiale.
AC/Sf/APA