Les rebelles de l’est de la République démocratique du Congo ont unilatéralement déclaré un cessez-le-feu qui entre en vigueur mardi, au grand soulagement des négociateurs qui exhortent à la fin des hostilités. Mais jusqu’à quand ?
Compte tenu du bilan notoire des cessez-le-feu passés en RDC, qui ont échoué après de courtes périodes d’essai, rien n’indique que le dernier qui an pris effet ce mardi 4 février inspire l’espoir ou la confiance. Plusieurs cessez-le-feu par le passé n’ont été qu’à un incident d’être violés, rapidement suivis par de nouvelles belligérances d’une des parties.
La coalition des mouvements rebelles dirigée par le M23, dont les combattants ont envahi une grande partie de la province orientale de la RD Congo et pris le contrôle de Goma, la capitale du Nord-Kivu, a publié un communiqué lundi soir indiquant que le cessez-le-feu est basé sur des considérations humanitaires.
Il permettra aux travailleurs humanitaires d’accéder aux civils blessés encore piégés dans les troubles et donnera à des milliers d’entre eux une chance de quitter les zones troublées par les combats entre les rebelles et les troupes congolaises qui avaient perdu du territoire au profit du M23 en progression.
Mais combien de temps donc cette pause dans les combats va-t-elle durer ?
Les négociations menées au cours de l’année écoulée par João Lourenço, le président de l’Angola, n’ont pas fait taire les armes ni permis de gagner du temps pour une longue trêve et résoudre le conflit. Un cessez-le-feu en août dernier a été rapidement abandonné alors que les hostilités reprenaient avec une vengeance.
La coalition de rebelles, qui comprenait plus de 100 milices, se félicite d’un dialogue ouvert avec le gouvernement congolais, mais a juré de se défendre en cas d’attaque.
Les dirigeants régionaux de la Communauté de développement de l’Afrique australe et de la Communauté de l’Afrique de l’Est tiendront un sommet vendredi prochain pour s’assurer que ce cessez-le-feu unilatéral tienne alors que les craintes d’une possible escalade du conflit avec des implications plus larges pour la région augmentent.
Le silence du gouvernement congolais suite à l’annonce de la coalition rebelle n’a pas facilité l’évaluation de l’humeur actuelle des deux parties au conflit et des informations indiquent que la situation sur le terrain dans l’est du Congo reste précaire et tendue.
Au début de l’année dernière, le M23 avait publié une déclaration promettant de ne pas avancer sur Goma. Exactement dans les mêmes termes, les rebelles ont juré de ne pas avancer sur Bukavu, mais les événements de ces dernières semaines, y compris la capture de Goma des mains des troupes gouvernementales, suggèrent à quel point les promesses de trêve en RDC peuvent être incertaines, fragiles et précaires.
Les observateurs internationaux affirment que cette dernière cessation des hostilités de la part du mouvement M23 pourrait être une ruse pour gagner du temps afin de préparer leurs troupes à de nouvelles attaques.
La négociation d’un cessez-le-feu ou d’une résolution du conflit oppose deux adversaires irréconciliables, à savoir le gouvernement congolais du président Félix Tshisekedi d’une part et les autorités rwandaises par le biais de leurs mandataires dans la direction du M23 d’autre part.
Il n’y a pas d’amour entre Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame, l’homme considéré par Kinshasa et les Nations Unies comme le méchant de pacotille dans ce conflit prolongé qui aurait tué plus de 1 000 personnes et forcé quelque 400 000 personnes à quitter leurs foyers.
Tshisekedi accuse Kagame de soutenir les rebelles du M23 qui affirment que leur présence en RD Congo vise à protéger les Tutsis ethniques.
Le Rwanda, qui a nié cette allégation, accuse à son tour les autorités de Kinshasa de fermer les yeux sur la prétendue persécution des Tutsis par les milices hutues liées au génocide de 1994.
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