L’ancien Premier ministre algérien Sid Ahmed Ghozali s’est éteint mardi à l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja à Alger, à l’âge de 88 ans, a annoncé la télévision d’État.
Les obsèques de l’ancien Premier ministre algérien Ahmed Ghozali, décédé ce mardi, auront lieu mercredi, après la prière du Dohr, au cimetière de Ben Aknoun dans la capitale.
Le mandat de Sid Ahmed Ghozali à la tête du gouvernement algérien s’est inscrit dans une période de profondes turbulences politiques, coïncidant notamment avec la présidence de Mohamed Boudiaf, figure réformiste revenue d’exil au Maroc avant d’être tragiquement assassiné six mois plus tard.
Né le 31 mars 1937 à Tighennif, dans la wilaya de Mascara, Sid Ahmed Ghozali est diplômé de l’École nationale des ponts et chaussées de Paris. Il a occupé de nombreuses fonctions de haut rang au sein de l’État algérien, marquant de son empreinte plusieurs étapes clés de l’histoire contemporaine du pays. Son passage à la primature, de juin 1991 au 8 juillet 1992, s’est déroulé dans un contexte particulièrement critique.
Sa carrière au sein de l’administration publique débute peu après l’indépendance de l’Algérie. En 1964, il devient l’un des plus jeunes membres du gouvernement en accédant au poste de sous-secrétaire d’État aux Travaux publics. Il prend ensuite la tête de Sonatrach, la compagnie nationale des hydrocarbures, qu’il dirige de 1966 à 1977. Il y joue un rôle déterminant, notamment en orchestrant la nationalisation des hydrocarbures en 1971, une décision stratégique qui consacre la souveraineté économique de l’Algérie sur ses ressources énergétiques.
Son parcours ministériel est jalonné de plusieurs portefeuilles de premier plan. Il est successivement ministre de l’Énergie et des Industries pétrochimiques (1977-1979), ministre de l’Hydraulique (1979-1980), ministre des Finances (1988-1989) puis ministre des Affaires étrangères (1989-1991), avant d’être nommé Premier ministre.
Son passage à la tête du gouvernement coïncide avec des bouleversements politiques majeurs, traversant les présidences de Chadli Bendjedid et de Mohamed Boudiaf. Il supervise notamment les premières élections législatives multipartites du pays en décembre 1991, un tournant historique qui débouche sur l’un des épisodes les plus controversés de l’Algérie indépendante : la dissolution du processus électoral et la montée de la crise politique.
L’assassinat de Mohamed Boudiaf, survenu le 29 juin 1992, marque un tournant dramatique. Rappelé d’exil après vingt-huit années passées au Maroc, Boudiaf est abattu en pleine allocution télévisée à la Maison de la culture d’Annaba par un membre de sa propre garde rapprochée. Cet événement intervient alors que le président défunt venait d’exprimer son soutien à l’intégrité territoriale du Maroc et d’initier des enquêtes sur la corruption au sein de l’appareil militaire. Ghozali démissionne peu après cet épisode déterminant de l’histoire nationale.
À l’issue de son passage à la primature, il est nommé ambassadeur d’Algérie en France, poste qu’il occupe de 1992 à 1994. Il tente par la suite, sans succès, de briguer la magistrature suprême lors des élections présidentielles de 1999 et 2004. Son projet de création d’un parti politique ne reçoit pas l’agrément des autorités.
Sa dernière apparition publique remonte au 25 février 2024, lorsqu’il intervient au Forum El Moujahid pour aborder les enjeux du positionnement international de l’Algérie.
Le président Abdelmadjid Tebboune a salué la mémoire de Sid Ahmed Ghozali, rendant hommage à son engagement et aux multiples responsabilités qu’il a assumées au sein de l’État algérien.
MK/ac/Sf/APA