L’Afreximbank lance un défi historique aux dirigeants africains : sortir le continent du modèle d’extraction pure des matières premières et construire une véritable industrie minière à valeur ajoutée.
Lors de l’African Mining Indaba 2025, l’Afreximbank a lancé un appel pressant aux dirigeants africains pour qu’ils s’approprient véritablement leurs ressources minières et passent d’une logique d’extraction pure à une stratégie de transformation industrielle, capable de générer de la richesse locale et de créer des emplois qualifiés.
Dans un discours marquant le symposium ministériel, Denys Denya, premier Vice-président exécutif du Groupe Afreximbank, a souligné l’enjeu crucial pour le continent : sur un marché mondial minier générant 1 700 milliards de dollars en 2023, l’Afrique ne conserve qu’entre 4 % et 20 % de la valeur de ses minéraux. Ce constat sans appel révèle une dépendance économique persistante et une capture de valeur majoritairement réalisée par des acteurs externes.
La stratégie proposée par l’institution financière implique une transformation en profondeur du secteur minier africain, selon un communiqué distribue par APO Group. Il s’agit de développer des capacités locales de raffinage et de transformation, d’investir massivement dans les technologies de traitement avancées, de créer des emplois qualifiés pour la jeunesse africaine et de renforcer la collaboration régionale, notamment via la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
« Le moment est venu d’agir », a déclaré M. Denya. « Nous devons aller au-delà de l’extraction et investir dans le raffinage, la fusion et la fabrication de pointe. »
Cette vision implique une approche volontariste et coordonnée de l’ensemble des acteurs économiques africains, des gouvernements aux investisseurs privés.
L’engagement financier de l’Afreximbank n’est pas resté lettre morte. La banque a déjà approuvé plus d’un milliard de dollars ces trois dernières années pour soutenir des projets miniers et industriels concrets. Parmi ces initiatives, on peut citer une usine de traitement de bauxite en Guinée, l’expansion d’une usine de manganèse au Gabon, ou encore un fonds de roulement pour une société diamantaire au Botswana.
Un fonds d’ajustement de 10 milliards de dollars, géré par la filiale FEDA, est également prévu pour soutenir la transition commerciale des pays africains. Cette initiative témoigne de l’ambition de l’Afreximbank de jouer un rôle moteur dans la transformation économique du continent.
L’objectif final est ambitieux : faire de l’Afrique une puissance industrielle qui ne se contente plus d’exporter des matières premières brutes, mais qui transforme ses ressources sur place.
« Nos politiques minières doivent donner la priorité aux normes environnementales, sociales et de gouvernance », a conclu M. Denya, soulignant l’importance de faire bénéficier les communautés locales de cette transformation.
Cette vision représente plus qu’une simple stratégie économique. C’est un projet de souveraineté, une opportunité pour l’Afrique de reprendre le contrôle de ses richesses et de construire un modèle de développement plus équitable et durable.
AC/Sf/APA