Le port de l’hijab dans la ville d’Axoum, dans la région du Tigré en Éthiopie, est devenu un sujet très sensible, suscitant des réactions passionnées à travers les différentes confessions religieuses.
Le niqab, le voile intégral porté par les femmes musulmanes en public, suscite une controverse qui a atteint son point culminant le mois dernier, en Éthiopie, lorsque 30 élèves d’une école publique à Axoum ont protesté après avoir été exclues de leurs cours pour avoir porté des foulards. Une situation similaire s’est produite dans la capitale Addis-Abeba, où des étudiantes portant des voiles traditionnels musulmans ont été interdites d’accès aux classes.
Le onseil suprême des affaires islamiques d’Éthiopie a déclaré jeudi dans un communiqué qu’« aucune résolution n’a été atteinte » concernant le cas des élèves musulmanes à Axoum.
Le conseil a précisé que ces élèves ont été empêchées d’assister aux cours depuis plus d’un mois en raison de leur code vestimentaire religieux. Il a même été allégué que certains étudiants protestataires et leurs familles ont été détenus.
Le Conseil suprême a indiqué qu’il a engagé des discussions avec le Conseil des affaires islamiques de la région du Tigré, mais que peu de progrès ont été réalisés pour résoudre ce différend.
Les élèves musulmanes d’Axoum, une ville située dans la zone centrale de la région du Tigré, protestent contre l’interdiction de l’hijab, qu’elles considèrent comme une violation de leurs droits constitutionnels à l’éducation et à la liberté religieuse.
Les membres de la communauté musulmane affirment que certaines étudiantes ont été empêchées de s’inscrire aux examens nationaux, car elles n’ont pas été autorisées à entrer dans l’enceinte de l’école en portant la burqa.
Le Bureau de l’éducation de la région du Tigré, dans une lettre datée du 30 décembre 2024, a confirmé avoir reçu une plainte de l’Office des affaires islamiques de la ville d’Axoum concernant cette interdiction controversée.
Il a précisé que, bien que la plupart des écoles aient respecté les procédures standard, une école secondaire générale avait imposé des restrictions. Le bureau a ajouté qu’un accord avait été trouvé pour résoudre cette question par le dialogue, mais que le cœur du problème restait non résolu.
Le bureau a insisté sur le fait qu’en attendant de nouvelles directives, aucune restriction ou exigence supplémentaire ne devait être imposée et que l’ancien système de code vestimentaire devait rester en vigueur.
L’interdiction s’est également manifestée ailleurs en Éthiopie.
En octobre, le Conseil suprême des affaires islamiques d’Addis-Abeba a appelé à la levée immédiate d’une interdiction faite aux élèves musulmanes portant le niqab, un vêtement couvrant le visage, d’entrer dans les écoles.
En septembre 2023, l’Éthiopie a adopté une loi régissant les codes vestimentaires dans les écoles, permettant aux élèves de couvrir leurs cheveux sur les terrains scolaires, mais précisant qu’elles ne pouvaient pas couvrir leurs visages avec le niqab.
Cela a provoqué un tollé parmi les musulmans d’Éthiopie, qui représentent 35 % de la population du pays.
Le pays, majoritairement chrétien, a une longue tradition de tolérance envers d’autres religions, y compris l’islam, dont les premiers adeptes ont cherché refuge en Éthiopie lorsqu’ils ont été persécutés en Arabie, au moment où le prophète Mohammed commençait à prêche
L’Éthiopie, connue sous le nom d’Abyssinie dans le monde arabe, est entrée dans le folklore islamique comme un refuge pour la foi musulmane, malgré sa position en tant que principal bastion du christianisme en Afrique.
Aujourd’hui, certains musulmans en Éthiopie se sentent lésés, en particulier par cette interdiction du niqab à l’école.
Jusqu’à présent, le gouvernement a ignoré les appels à lever l’interdiction du niqab dans les écoles, malgré quelques négociations avec des leaders musulmans à cet égard.
Certaines étudiantes musulmanes ont récemment été suspendues de quatre écoles secondaires à Addis-Abeba pour avoir porté des vêtements religieux, ce qui pourrait exacerber les tensions religieuses.
Cependant, le Conseil suprême des affaires islamiques d’Addis-Abeba a annoncé le mois dernier qu’un accord avait été trouvé avec les autorités éducatives pour permettre aux élèves musulmanes, suspendues pour avoir porté le niqab, de reprendre leurs études.
Cette décision visait à apaiser le mécontentement public concernant le traitement des étudiantes, qui avaient été interdites d’accès aux écoles pour avoir porté le niqab.
MG/as/lb/Sf/ac/APA