Le Maroc et la Mauritanie franchissent une nouvelle étape dans leur partenariat stratégique en pleine expansion, notamment à travers un accord d’interconnexion électrique.
Ce jeudi, à Nouakchott, les hauts responsables de l’énergie du Maroc et de la Mauritanie ont signé un accord historique d’interconnexion électrique, marquant une avancée décisive pour la coopération régionale dans le domaine de l’énergie.
Cet accord, destiné à transformer la distribution énergétique en Afrique de l’Ouest, se positionne comme une réponse stratégique aux défis d’instabilité croissants dans la région et aux menaces séparatistes. Il vise à renforcer la sécurité énergétique tout en favorisant l’intégration économique entre les deux pays.
La cérémonie de signature s’est déroulée en présence du directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), Tarik Hamane, et de son homologue de la Société mauritanienne d’électricité (SOMELEC), Sidi Salem Mohaned Elabd, aux côtés de l’ambassadeur du Maroc en Mauritanie, Hamid Chabar.
L’accord prévoit une interconnexion électrique entre le Maroc et la Mauritanie, permettant ainsi de relier l’infrastructure avancée du royaume au réseau en développement de son voisin. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique de coopération renforcée et ouvre la voie à d’importantes synergies dans le domaine des énergies renouvelables.
« Cette interconnexion électrique constitue une opportunité inédite pour le développement des énergies renouvelables », a déclaré Tarik Hamane lors de la cérémonie, mettant en avant le potentiel énergétique propre des deux pays. De son côté, Sidi Salem Mohaned Elabd a insisté sur les perspectives offertes par ce projet pour renforcer les connexions énergétiques entre les marchés africains et européens.
Dès la signature de l’accord, les équipes techniques de l’ONEE et de la SOMELEC ont entamé des réunions de coordination, illustrant la volonté des deux pays de mettre rapidement en œuvre ce projet structurant.
Un accord aux implications géopolitiques majeures
Loin de se limiter à un simple projet technique, cet accord d’interconnexion électrique s’intègre dans un contexte régional en pleine mutation. La Mauritanie, confrontée aux menaces récurrentes du Front Polisario en raison de son rapprochement croissant avec le Maroc, poursuit son éloignement progressif de ses alignements traditionnels.
En témoigne l’empêchement, en décembre dernier, du chef du Polisario, Brahim Ghali, de participer à une conférence régionale à Nouakchott, ainsi que l’adoucissement notable du discours du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani sur la question du Sahara devant l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre.
Par ailleurs, cet accord énergétique s’inscrit dans le cadre d’un projet routier stratégique marocain de 53 kilomètres, lancé par les Forces armées royales en février 2024 et qui devrait être prochainement achevé. Ce corridor commercial ambitionne de reproduire le succès du passage de Guerguerat en garantissant la fluidité des échanges commerciaux entre les deux pays.
L’intensification du partenariat stratégique entre Rabat et Nouakchott est également marquée par un dialogue diplomatique soutenu. La visite du président Ghazouani au Maroc en décembre dernier a donné lieu à une série de rencontres de haut niveau, notamment entre les ministres des Affaires étrangères Nasser Bourita et Mohamed Salem Ould Marzouk lors de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Cet accord énergétique répond également à des impératifs économiques pour la Mauritanie, qui fait face à une dette croissante du Mali en matière d’électricité, estimée à 50 milliards de francs CFA, ainsi qu’à des inquiétudes grandissantes concernant la présence des mercenaires russes du groupe Wagner à ses frontières.
Cet accord s’inscrit dans une vision plus large de modernisation des infrastructures mauritaniennes. En effet, le 23 janvier dernier, la Mauritanie a annoncé son intention d’intégrer à ce projet d’interconnexion électrique les réseaux Internet et téléphoniques exploités par le groupe Maroc Telecom.
Le rejet par la Mauritanie d’une initiative menée par l’Algérie visant à former une union exclusive du Maghreb arabe montre une fois de plus son engagement envers le partenariat marocain, considérant le royaume comme un allié essentiel dans un contexte d’instabilité croissante au Sahel.
MK/te/Sf/APA