La décision kényane de bloquer l’ouverture, à Nairobi, d’un bureau de liaison pour le Somaliland, pourrait influencer d’autres pays de la région dans leurs relations avec cette enclave.
Le ministère kenyan des Affaires étrangères et de la Diaspora a officiellement refusé l’ouverture d’un bureau de liaison du Somaliland prévue mardi 27 mai 2025 à Nairobi, réaffirmant sa reconnaissance exclusive de la République fédérale de Somalie, et renforçant de facto l’isolement diplomatique de cette entité politique malgré sa stabilité relative.
Dans un communiqué officiel daté du 26 mai, le ministère kényan précise que « dans la mesure où l’événement du 27 mai 2025 n’a pas été approuvé par ce ministère, l’investiture du statut d’un bureau diplomatique ne jouit pas de l’imprimatur de la République du Kenya et ne peut être autorisée à procéder. »
Cette décision intervient alors qu’une cérémonie d’ouverture était programmée pour le lendemain dans la capitale kényane, soulignant la rapidité de la réaction des autorités de Nairobi.
« Le gouvernement de la République du Kenya maintient et respectueusement réaffirme sa reconnaissance inébranlable de la République fédérale de Somalie en tant qu’État souverain », indique le communiqué officiel.
Cette prise de position s’inscrit dans la continuité de la politique étrangère kényane qui, comme la majorité de la communauté internationale, ne reconnaît pas l’indépendance proclamée unilatéralement par le Somaliland en 1991.
Des relations régionales préservées
Malgré ce refus, Nairobi a tenu à souligner sa volonté de maintenir des relations constructives dans la région. Le ministère des Affaires étrangères affirme que « le Kenya apprécie ses relations avec le Somaliland et d’autres gouvernements régionaux, ce qui vise à renforcer la paix, la sécurité, le commerce et l’investissement dans la région. »
Nairobi précise également que dans la mesure où la Somalie continue de progresser dans son agenda de construction étatique et de développement institutionnel, le gouvernement du Kenya, par le biais d’un dialogue soutenu avec le gouvernement fédéral de Somalie, est prêt à soutenir ces efforts pour améliorer la coopération et des partenariats mutuellement bénéfiques.
Dans une formulation diplomatique nuancée, le Kenya laisse néanmoins entrevoir une possible évolution future. Le ministère « se prévaut de cette opportunité pour renouveler au bureau de liaison du Somaliland à Nairobi les assurances de sa plus haute considération », suggérant que le dialogue reste ouvert.
Cette décision kenyane intervient dans un contexte régional complexe où le statut du Somaliland demeure l’un des dossiers diplomatiques les plus sensibles de la Corne de l’Afrique.
Alors que cette région autoproclamée indépendante fonctionne de facto comme un État depuis plus de trois décennies, elle ne bénéficie d’aucune reconnaissance internationale officielle.
Le Kenya, puissance régionale majeure et membre influent de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), maintient ainsi sa ligne diplomatique traditionnelle tout en préservant ses intérêts économiques et sécuritaires dans une région stratégique.
ARD/te/Sf/APA