Alors que le pays prépare une liste d’Algériens en voie d’être expulsés, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a réitéré la volonté de la France d’améliorer les relations, tout en avertissant que « le calme ne peut être décrété unilatéralement ».
Le gouvernement français s’apprête à transmettre dans les prochains jours aux autorités algériennes une liste de ressortissants algériens qu’il compte expulser, ont rapporté vendredi les médias français.
Des sources gouvernementales ont indiqué à l’Agence de presse française (AFP) que la liste comprenait « plusieurs dizaines » de noms. Les médias français ont rapporté que la liste devrait inclure moins d’une centaine de personnes.
Un responsable gouvernemental a confirmé à l’AFP que la liste serait transmise « aujourd’hui ou demain, ou dans les prochains jours », tandis qu’une autre source a qualifié cette transmission d’« imminente ». Un troisième responsable a indiqué que la liste serait envoyée « cette semaine ».
Cette décision intervient dans un contexte de relations diplomatiques dégradées entre les deux pays. L’Algérie a failli rompre ses relations lorsque la France a reconnu la souveraineté du Maroc sur ses provinces du sud, un sérieux revers compte tenu du soutien de l’Algérie au Front Polisario, le groupe armé séparatiste qui conteste l’intégrité territoriale du Maroc au Sahara.
Les relations entre les deux pays se sont encore dégradées lorsqu’un ressortissant algérien, expulsé par la France en janvier mais refusé d’entrée par l’Algérie et renvoyé en France, a perpétré un attentat meurtrier à Mulhouse le 22 février, tuant une personne.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré lors d’une séance parlementaire la semaine dernière que Paris attendait de l’Algérie qu’elle respecte ses accords existants avec la France. « Il n’y a aucune volonté d’escalade, mais le refus de l’Algérie de réadmettre ses ressortissants viole les accords que nous avons conclus avec l’Algérie », a-t-il déclaré.
Mardi, il a réitéré la volonté de la France de rétablir des relations positives avec l’Algérie. « Nous voulons résoudre les tensions avec notre voisin, mais avec fermeté et sans faiblesse », a-t-il déclaré.
La liste des personnes à expulser s’inscrit dans le cadre plus large des efforts déployés par la France pour répondre aux préoccupations en matière d’immigration et de sécurité. Barrot a souligné que Paris attend de l’Algérie qu’elle assume ses responsabilités envers ses citoyens et qu’elle utilise cette liste comme une opportunité de renouer les relations.
Une source gouvernementale a déclaré à l’AFP qu’il s’agissait seulement de la première d’une série de listes qui devraient être envoyées.
Le contretemps des expulsions a relancé les discussions sur l’accord de 1968 entre la France et l’Algérie, qui accorde aux Algériens des privilèges particuliers en matière de résidence et d’emploi en France. Fin mars, le Premier ministre François Bayrou a menacé de dénoncer cet accord si l’Algérie n’accueillait pas ses ressortissants sans papiers dans un délai de six semaines.
Le président Emmanuel Macron adopte cependant une approche plus diplomatique, préconisant une renégociation plutôt qu’une annulation pure et simple de l’accord.
MK/ac/Sf/APA