Dans son premier recueil de poèmes intitulé « Au bord des silences », l’écrivaine ivoirienne Maryse Kouassi fait une incursion dans les silences et les non-dits, là où les émotions s’expriment sans éclat, mais avec intensité.
Maryse Kouassi, dans son récit, choisit le silence comme matière première de sa poésie. Avec « Au bord des silences », dont la dédicace a eu lieu ce samedi 03 mai 2025, à Abidjan, elle signe un recueil intimiste, où les mots se font discrets pour mieux laisser place à l’écho des non-dits.
À travers une écriture sensible et empreinte d’élégance, l’auteure explore les territoires de l’émotion enfouie, de l’héritage invisible, et des traditions africaines souvent transmises dans le silence des gestes et des regards.
Dans ce recueil de 113 pages, préfacé par Hervé Ayemene, vice-président de l’Association des écrivains de Côte d’Ivoire (AECI), chaque poème se lit comme une respiration, une pause dans l’urgence du quotidien.
« Pour le préfacier, il ne s’agit pas ici de simples vers, mais de pas posés sur le chemin de la résilience. Le texte devient une torche, éclairant les zones d’ombre de l’histoire personnelle et collective, de l’amour transmis sans mot dire, et de la douleur qui forge les êtres », a dit M. Ayemene.
« Au bord des silences n’est pas qu’un exercice littéraire, mais un acte de transmission, un cri retenu, une tentative de réconciliation. Car, loin du dithyrambe, ce recueil se veut une offrande, une déclaration d’amour discrète mais puissante, qui touche par sa sincérité et sa profondeur », a-t-il déclaré.
La poète ivoirienne veut, à travers ces lignes, laisser les silences prendre la parole pour dire l’amour, la douleur, la mémoire et la résilience. Elle s’attèle à partager sa définition des différents silences qu’elle a vécus et traversés dans sa vie : certains douloureux, d’autres protecteurs, mais tous porteurs de sens.
« Le silence n’est pas pour moi toujours péjoratif. J’ai vécu des frustrations dues au manque de réponses, mais avec le recul, j’ai compris que certains silences étaient des gestes d’amour, des formes de protection et de pudeur », a-t-elle insinué.
Pour l’auteure, loin de condamner le silence, elle le met en lumière, en décrypte les nuances et les résonances. Ce travail d’introspection l’a menée avec distance et lucidité à montrer que chaque poème devient un fragment de mémoire, une tentative de comprendre ce qui n’a pas été dit, de donner forme à ce qui a été ressenti.
« Je me tiens au bord. J’ai pris un certain recul par rapport à ces silences-là. C’est un regard en arrière, un regard détaché, plus objectif », a fait savoir Maryse Kouassi. Dans ce recueil, elle exprime le combat intérieur, le combat féminin et combat pour l’expression de soi.
« Je parle de transcription, je parle de survie, je parle d’amour, de cœur brisé. Le silence peut dire plusieurs choses en fonction de la personne qui le choisit, du contexte dans lequel il s’installe », a relevé l’auteure, Mme Maryse Kouassi.
Pour Maryse Kouassi, écrire n’est pas un choix littéraire calculé, mais un besoin nécessaire et vital. La littérature lui permet de « structurer ses pensées, ses émotions, et de garder la tête claire », ce qu’elle qualifie d’« exutoire. »
Loin de vouloir « brûler le silence », comme elle le traduit dans cet ouvrage poétique, l’écrivaine choisit plutôt de le décortiquer, de l’habiter, de le faire entendre autrement, car « le silence a un langage ; et alterner silence et parole donne une autre saveur au message ».
« Mon objectif, c’est d’analyser les différents types de silences, de montrer qu’ils ont chacun leur raison d’être », a-t-elle souligné, lors d’une cérémonie de dédicace, couplée avec un vernissage. Elle a présenté au public les tableaux qu’elle a peints, lesquels illustrent chacun une catégorie ou un chapitre des poèmes de son recueil.
AP/Sf/APA