Après avoir effectué ses débuts sur le petit écran en 1987 comme téléspeakerine à l’Office de Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (ORTS, publique), Amélie Mbaye s’est rendue aux Etats-Unis où elle a participé à des films documentaires et à des longs métrages. Cette dame à la noirceur d’ébène est récemment rentrée au bercail pour se mettre dans la peau de Madjiguène Gaye alias Mage, l’un des principaux personnages de la série « Golden » qui cartonne au box-office.
C’est la mi-journée dans un quartier de la capitale Dakar. Amélie, vêtue d’une robe noire, se repose autant que faire se peut dans son appartement après une éreintante nuit de tournage. Accrochés aux murs, un tableau et un masque édifient sur le goût artistique de la maîtresse des lieux.
Diffusée en prime time par la Télévision Futurs Médias (TFM, privée), la série Golden narre les péripéties d’une entreprise d’exploitation minière implantée au Sénégal. « La société appartient à une famille sénégalaise qui la dirige sans aucune influence de l’extérieur. Elle a été créée par mon mari Alioune Badara Gaye et moi. Mon conjoint en était le président et quand il est parti à la retraite, notre fils Djamil Gaye a pris le relais », explique Amélie.
Fille d’Ousmane Mbaye, l’un des tout premiers africains à avoir exporté la musique du continent en Amérique et en Europe, Amélie a très tôt eu un penchant pour les beaux-arts. « J’ai été influencée par mon père. Quand j’étais élève au lycée Blaise Diagne de Dakar, je jouais des pièces de théâtre. J’aimais beaucoup la comédie », fait-t-elle savoir.
Marchant sur les traces de son papa, Amélie vit pendant 25 ans au pays de l’oncle Sam. Diplômée en tourisme international et en aéronautique, la mère du rappeur Alain Ousmane alias « Boogie Fresh » décroche un poste dans l’administration américaine, non sans renoncer à sa passion. « J’ai toujours fait, souligne-t-elle, mes activités cinématographiques parallèlement à mon travail. Généralement, je profitais de mes vacances pour tourner des films ».
Mais en jouant dans Frontières, Amélie Mbaye a eu une vision claire de son avenir : « C’est un très long film qui m’a pris énormément de temps. On l’a tourné dans six pays différents (Sénégal, Mali, Burkina Faso, Bénin, Nigeria et Côte d’Ivoire). C’est à partir de ce moment que j’ai vraiment pris la décision de me consacrer pleinement à ma carrière d’actrice ».
Ce drame de la réalisatrice burkinabè Apolline Traoré met à nu la corruption et le non-respect de la libre circulation des personnes et des biens au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Ce film a remporté le Prix Paul Robeson, le Prix des institutions au Fespaco 2017 et le prix du meilleur long métrage au Panafrican Film Festival de Los Angeles puis obtenu deux nominations au Festival du film francophone d’Angoulême en 2017.
Convaincue d’avoir une âme d’artiste, cette ancienne hôtesse de l’air, après des séjours au Burkina Faso, en France et au Brésil, est finalement rentrée au Sénégal. Elle explique ainsi ce come-back : « Ce que je voyais ne me rassurait pas. Les productions n’étaient faites qu’en wolof. Elles n’étaient pas sous-titrées et traitaient de sujets anodins. La proposition de Marodi (maison de production) m’a paru intéressante car j’aime les productions dans lesquelles, la femme est mise en valeur».
Par ailleurs maîtresse de cérémonie et chanteuse, la Sénégalaise a dû repousser les limites de son talent en acceptant le rôle de Mage. « Golden est la première production dans laquelle, je dialogue en wolof (une des principales langues nationales). En général, je m’exprime en français ou en anglais », a-t-elle reconnu. Posté le 31 août dernier sur la chaîne YouTube de Marodi, l’épisode 32 de cette série à succès a déjà enregistré près de 500 mille vues.
Toutefois, Amélie regrette le fait que des Sénégalais ne puissent toujours pas faire la différence entre un personnage et la personne qui l’interprète. « On accorde, déplore-t-elle, beaucoup plus d’importance au personnage et on l’associe à la personne. Quand je sors, certains ne voient pas Amélie mais Mage. Un jour, une dame m’a insultée dans un supermarché à cause d’une scène de la série Golden ».
Cette mésaventure n’a nullement entamé sa motivation. Droite dans ses bottes, Amélie Mbaye poursuit son petit bonhomme de chemin en espérant connaître la gloire de son idole Oprah Winfrey, classée à cinq reprises « célébrité la plus puissante du monde » par le magazine Forbes.
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